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Il suffit d’un instant de réflexion pour reconnaître combien ce simple narré des faits diffère de l’arrangement de ceux du drame, dont la fable toutefois s’accorde assez avec les historiens inexacts auxquels Shakspeare a emprunté ses matériaux. On peut ajouter que les anciens auteurs n’offrent aucune trace de l’existence de personnages tels que Banquo et son fils Fléance ; nous n’avons donc pas motifs de croire que ce dernier, dans sa fuite, s’éloigna jamais de Macbeth plus que d’un bout à l’autre de la scène d’un théâtre. Toutes ces choses sont maintenant connues ; mais l’esprit conserve obstinément l’impression faite par les brillantes impostures du génie. Tant qu’on lira les pièces de Shakspeare, et que la langue anglaise subsistera, l’histoire aura beau réclamer, le commun des lecteurs ne se rappellera Macbeth que comme un sacrilège usurpateur, et Richard que comme un difforme meurtrier.

Macbeth laissa un fils surnommé Luach, ce qu’on traduit par Fatuus, ou le Simple. Après quelques mois de lutte, il fut défait et tué à Essie, en Strath-Bogie.


CHAPITRE III.


Malcolm III, surnommé Grosse-Tête. — Des étrangers cherchent un refuge en Écosse ; ils sont accueillis avec bonté par le roi et la reine. — Affection du roi pour Marguerite. — Mort de Malcolm et de Marguerite. — Donald Bane. — Duncan. — Edgar. — Alexandre Ier. — David Ier.— Bataille de Northallerton. Mort de David. Sa munificence envers l’église. Son caractère comme souverain.


Malcolm III, fils de Duncan, surnommé Cean-Morh, ou Grosse-Tête, à cause du volume disproportionné de cette partie de son corps, monta sur le trône d’Écosse en 1056. Ce fut un prince vaillant et habile qui, élevé à l’école de l’infortune, avait profité des leçons de cette sévère institutrice. Sa longue résidence dans le nord de l’Angleterre doit nécessairement lui avoir permis d’acquérir plus d’instruction que s’il fût resté pendant sa jeunesse parmi ses ignorants sujets. Dans son règne aussi, un peu plus de lumière commence à poindre sur l’histoire écossaise, quoique cette clarté provienne plutôt des annalistes anglais que d’aucun de ceux qui soient propres un royaume d’Écosse même. Malcolm qui,