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lygamie firent place aux conséquences d’une union qui tend de la manière la plus directe à séparer l’espèce humaine de la brute. L’abolition des rites idolâtres entraîna celle d’un grand nombre d’usages hideux et sanguinaires ; et, comme la graine de l’Écriture, la parole évangélique prit racine, poussa des fleurs, fructifia, répandant au fond des cœurs les grâces qui toujours découlent de son influence.

Telles étaient les nations aux attaques desquelles les Bretons, que Rome avait assujettis, furent exposés après le départ de ceux qui étaient à la fois leurs maîtres et leurs protecteurs, et ces deux races formidables habitaient la majeure partie de la contrée qui porte aujourd’hui le nom d’Écosse.

La retraite des Romains laissa leurs tributaires de la Grande-Bretagne tout-à-fait sans défense. Les exhortations à se défendre eux-mêmes avec lesquelles ils leur dirent adieu, et la générosité qu’ils affectèrent de les avoir, en abandonnant l’île, rendus à la liberté, étaient aussi cruelles qu’il le serait de congédier un oiseau privé ou un animal domestique pour qu’ils se tirassent seuls d’affaire, après avoir été depuis leur naissance, nourris et soignés par la main de l’homme. Les Scots et les Pictes s’élancèrent contre le rempart des Romains lorsqu’ils ne furent plus là pour le protéger. Leur muraille fut emportée d’assaut du côté de la terre par les barbares, ou bien, pour s’en rendre maîtres ils en tournèrent les extrémités avec des expéditions navales. Les Bretons de la province romaine, traqués sur chaque point et réduits au désespoir, invoquèrent le secours des Saxons deux années environ après que les Romains eurent quitté l’île.

Les Saxons étaient Goths d’origine, et à un courage qui égalait celui des tribus de la Bretagne du nord, joignaient des armes meilleures et une discipline redoutable. Ils refoulèrent et les Pictes et les Scots dans leurs propres limites, et même agrandirent beaucoup à leurs dépens les territoires qu’ils étaient venus protéger. Ida, un de ces guerriers septentrionaux et de ces sectateurs d’Odin, qui érigèrent les royaumes de l’Heptarchie, débarqua en 547, et fonda celui de Northumberland. Soumettant une partie des Pictes qui s’étaient établis sur le côté méridional du golfe de Forth, ou obtenant d’eux une obéissance volontaire, ce prince réunit dès-lors sous un sceptre anglais les districts du bas Teviotdale et du Berwickshire, ainsi que les trois Lothians, sauf une petite division du comté occidental de ce nom.