Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et y trouva aux jours une longueur, aux nuits une brièveté inconnues dans les régions du sud. Sous cette latitude boréale, l’empereur conclut la paix avec les barbares qui rendirent une partie de leurs armes et s’engagèrent à être soumis ; mais elle fut illusoire. Il revint de sa lointaine et fatale excursion, porté, comme d’usage, dans sa litière à la tête de son armée dont il partageait les périls et les souffrances, et n’eut pas plus tôt atteint York dans sa marche rétrograde, qu’il reçut avis d’un nouvel armement de toutes les hordes Calédoniennes. Il donna aussitôt des ordres pour rappeler ses soldats sous les drapeaux et rentrer en campagne, avec le ferme dessein de n’épargner ni sexe, ni âge, mais d’anéantir complètement les naturels de ces sauvages contrées, dont le caractère semblait aussi intraitable que leur climat et leur sol. Toutefois, la mort épargna à l’empereur le crime d’une si atroce expédition. Sévère expira en février 411. Son fils restitua aux Calédoniens les territoires que son père avait ravagés plus que soumis, et la muraille d’Antonin, le plus septentrional des deux remparts, fut encore une fois reconnue tacitement comme frontière de la province romaine et limite de l’empire.

Dès-lors, la guerre dans la Grande-Bretagne fut, de la part des Romains, purement défensive, tandis que, de celle des Bretons demeurés libres, elle devint une suite rarement interrompue d’invasions qui avaient pour but le pillage. Dans cette espèce de lutte, les Bretons qui s’étaient laissé ravir leur indépendance et ne savaient plus se battre pour leur compte, furent quelque temps défendus par les épées de leurs conquérants. En 368, et de nouveau en 398, des secours romains, expédiés dans la Grande-Bretagne, réprimèrent avec succès la furie des barbares. En 422, une légion fut encore envoyée pour défendre les sujets de l’empire ; mais ennuyés d’avoir à les protéger sans cesse, les Romains, en 446, rendirent fastueusement les Bretons méridionaux à la liberté, et les exhortant à tâcher de se défendre eux-mêmes pour l’avenir, évacuèrent sans retour la Grande-Bretagne. L’orgueil avec lequel les habitants des régions les plus éloignées de l’Écosse prétendent n’avoir été jamais conquis par les Romains, n’est pas dénué de fondement. En effet, l’armée de Sévère ne fit qu’envahir la Calédonie sans la subjuguer : même, le plus loin qu’il s’avança fut le bord méridional du golfe de Moray, ou Murray, et il n’attaqua aucunement les Highlands, ou hautes terres du nord, ni de l’ouest.