Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sence d’une grande multitude, parmi laquelle quelques personnes au moins devaient connaître les meurtriers du capitaine, cependant on ne découvrit jamais rien sur ceux qui l’avaient assassiné.

Deux personnes seulement furent mises en jugement pour un crime que le gouvernement était si jaloux de découvrir et de punir. William Mac-Lauchlan, valet de pied chez la comtesse de Weemyss, qui est nommé dans le rapport du solliciteur général, et contre lequel s’élevaient de fortes présomptions, fut traduit en justice, dans le mois de mars 1737, comme prévenu d’avoir pris part au tumulte, armé d’une hache de Lochaber ; mais cet homme (qui se montra toujours une créature très-bornée) prouva qu’il était dans un tel état d’ivresse, pendant cette scène de tumulte, qu’il lui était impossible ni de donner un avis, ni de prêter assistance, ou même de discerner ce que lui ou la multitude faisaient. Il prouva aussi qu’il avait été entraîné de force au milieu de la foule insurgée ; qu’il y avait été retenu par deux boulangers qui lui mirent une hache de Lochaber entre les mains. Le jury pensa sagement que ce pauvre diable ne méritait aucune peine, et le déclara non coupable. Un semblable verdict fut rendu en faveur de Thomas Linning, dont il est fait mention dans le rapport du solliciteur général, et qui fut mis en jugement en 1738. En un mot, ni alors, ni long-temps après, rien ne fut découvert relativement à l’organisation de l’émeute Porteous.

L’imagination du peuple d’Édimbourg fut long-temps irritée, et sa curiosité tenue en éveil par le mystère répandu sur cette conspiration extraordinaire. On disait généralement de certaines personnes natives d’Édimbourg, qui, après avoir quitté la ville dans leur jeunesse, y étaient revenues avec une fortune amassée dans les pays étrangers, que dans l’origine elles s’étaient enfuies à cause de leur complicité dans l’affaire Porteous. Mais peu de confiance doit être accordée à ces accusations, comme étant le plus souvent contredites par les dates, et jamais appuyées sur autre chose que des bruits vagues, bruits qu’il faut attribuer uniquement au penchant qui porte le vulgaire à imputer les succès des hommes heureux à une cause peu honorable. La mystérieuse histoire de l’émeute Porteous est demeurée jusqu’à ce jour inexplicable ; et cette émeute a toujours été citée comme un acte de violence secret, audacieux, prémédité, qui caractérise d’une manière frappante le peuple écossais.

Cependant l’auteur a nourri pendant long-temps l’espérance de