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trats qui n’avaient pas réprimé l’émeute, et contre la ville qui en avait été le théâtre. Une tradition populaire, qui subsiste encore aujourd’hui, rapporte que Sa Majesté, entraînée par son mécontentement, dit au célèbre John, duc d’Argyle, que plutôt que de laisser impuni un pareil outrage, elle ferait de l’Écosse une plaine pour la chasse. « En ce cas, madame, » répondit ce fier seigneur en la saluant avec respect, « je vais prendre congé de Votre Majesté, et retourner chez moi préparer mes chiens. »

On comprit le sens de cette réplique, et comme la plus grande partie de la noblesse écossaise était animée du même esprit national, Sa Majesté crut devoir écouter la voix de la prudence. On proposa et l’on adopta des mesures moins violentes, dont quelques unes seront dans la suite le sujet de nos remarques.


MÉMOIRE
CONCERNANT LE MEURTRE DU CAPITAINE PORTEOUS.


La pièce qu’on va lire, contenant un résumé authentique et fort intéressant des informations faites par le conseil de la couronne dans l’affaire de Porteous, paraît avoir été dressée par le solliciteur général. Cette place était remplie, en 1737, par Charles Erskine, esquire.

Je dois ce document curieux à l’obligeance d’un ami attaché à la magistrature. On y trouvera, à la vérité, peu de lumières sur l’origine du tumulte, mais on verra combien était profond un mystère que tant d’investigations n’ont pu éclaircir.

« Le 7 septembre dernier, quand l’affreux et malheureux assassinat du capitaine Porteous fut commis, l’avocat et le solliciteur de Sa Majesté étaient absents de la ville ; le premier se trouvait aux environs d’Inverness ; le second à Annandale, non loin de Carlisle : ni l’un ni l’autre n’avait rien appris de ce complot, et ils étaient loin de se douter qu’aucun désordre dût avoir lieu.

« Quand le tumulte éclata, les magistrats et les autres personnes chargées de la police de la ville semblèrent tous avoir perdu la tête ; et soit qu’ils pensassent qu’à cause de la grande terreur qui avait saisi tous les habitants, une enquête immédiate serait sans résultat ; soit que, s’agissant d’une insulte directe à la couronne, ils ne se souciassent pas beaucoup de se mêler de l’affaire,