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la vie. — Cinq cents livres pesant d’or monnoyé ne vous sauveraient pas ! Souvenez-vous de Wilson, » répondit-il à demi-voix et en pressant la main de sa victime avec un geste convulsif.

Ils restèrent une minute dans un profond silence, et Wildfire d’un ton plus calme, ajouta : « Faites votre paix avec le ciel. Où est le ministre ? »

Butler, qu’on avait retenu à quelques pas de la Tolbooth, tandis qu’on cherchait Porteous, fut amené pâle, tremblant et interdit. On lui ordonna de marcher à côté du prisonnier, et de le préparer à la mort qu’il allait subir. Il supplia les factieux de considérer ce qu’ils faisaient : « Vous n’êtes, leur dit-il, ni juges, ni jurés ; vous ne pouvez, sans violer les lois de Dieu et des hommes, disposer de la vie d’une créature humaine, quelque digne qu’elle soit de la mort. Si c’est un assassinat, même de la part d’un magistrat légal, de faire exécuter un criminel autrement que dans la place, dans le temps et de la manière prescrite par la sentence du juge, comment qualifiera-t-on ce que vous allez faire, vous qui n’avez d’autre titre que votre propre volonté ? Au nom de celui qui est tout miséricordieux, faites miséricorde à cet infortuné ; ne trempez pas vos mains dans son sang, et ne commettez pas le crime que vous voulez venger. — Trêve de tous ces sermons : vous n’êtes pas ici dans votre chaire, répondit un des factieux. — Si vous nous ennuyez encore avec votre bavardage, ajouta un autre, nous sommes gens à vous pendre à côté de lui. — Paix ! silence ! dit Wildfire. Ce brave homme n’a point de mauvaises intentions ; il obéit à sa conscience, et je l’en estime davantage. »

S’adressant ensuite à Butler : « Monsieur, nous vous avons écouté patiemment ; mais je vous assure que vous feriez aussi bien de vous adresser aux verroux et aux murailles de la Tolbooth que d’essayer de changer nos résolutions : le sang demande le sang. Nous nous sommes juré avec les plus terribles serments que Porteous périrait de la mort qu’il a si bien méritée. En conséquence n’intercédez pas davantage en sa faveur, mais préparez-le à mourir aussi bien que le permet le peu d’instants qu’il lui reste à vivre. »

Après que l’on eut tiré le malheureux Porteous de la cheminée, on lui avait permis de mettre sa robe de chambre et ses pantoufles, car il avait ôté son habit et ses souliers pour y grimper plus facilement : dans ce costume, il fut élevé sur les mains de deux conjurés, entrelacées l’une avec l’autre, de manière à former ce qu’on