Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/572

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vindicatif que le sien. Lorsque Donacha le frappait, ce qui arrivait assez souvent, il ne répondait pas par des plaintes ou des prières, comme les autres enfants, mais par des serments et des menaces de vengeance, et, comme le disait Donacha-Dhu, le Siffleur était un véritable fils de Satan, et comme tel il ne le quitterait jamais.

En conséquence, à compter de sa onzième année, il fit partie de la troupe et fut souvent engagé dans des actes de violence. Celui qui venait d’avoir lieu avait été occasionné principalement par les recherches que le véritable père du Siffleur avait fait faire contre celui que le jeune homme regardait comme tel. Les craintes de Donacha étaient depuis quelque temps excitées par la force des moyens que l’on commençait à employer contre les gens de sa sorte. Il sentait qu’il ne devait son existence qu’à l’indulgence précaire de son patron Duncan de Knockdunder, qui se vantait souvent qu’il le ferait arrêter et pendre quand il voudrait. Il résolut donc de quitter le royaume sur un bâtiment appartenant à l’armateur avec lequel il avait fait autrefois le commerce des hommes, et qui était sur le point de partir pour l’Amérique. Mais il voulait auparavant frapper un grand coup.

La nouvelle qu’un riche Anglais arrivait au presbytère avait excité la cupidité du brigand… Il n’avait oublié ni le rapport que lui avait fait le Siffleur de l’or qu’il avait vu dans la bourse de lady Staunton, ni ses anciens serments de vengeance contre le ministre ; et pour satisfaire à la fois ces deux sentiments, il conçut l’espoir de s’approprier l’argent que, suivant le bruit général du pays, le ministre apportait d’Édimbourg pour payer sa nouvelle acquisition. Tandis qu’il réfléchissait aux plus sûrs moyens d’exécuter son projet, il reçut d’une part la nouvelle que le bâtiment sur lequel il se proposait de s’embarquer allait partir de Greenock, de l’autre celle que le ministre et un riche seigneur anglais, porteur de plusieurs milliers de livres sterling, étaient attendus le lendemain soir au presbytère, et enfin un troisième avis par lequel on lui conseillait de songer à sa sûreté, en quittant sa retraite ordinaire le plus tôt possible, parce que le capitaine avait ordonné à sa troupe de se tenir prête à battre le vallon le lendemain au point du jour. Donacha forma son plan avec promptitude et fermeté. Il s’embarqua avec le Siffleur et deux autres de sa troupe (qu’il avait dessein de vendre aux marchands américains), et se dirigea vers la baie du Bandit. Il avait l’intention de se cacher jusqu’à la chute du jour dans les bois voisins de ce lieu,