Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/562

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compagna avec un valet de pied, le cocher et les laquais restant avec la voiture. Au moment de mettre à exécution cet arrangement (c’était vers les quatre heures), un exprès dépêché par l’agent d’affaires de sir George à Édimbourg, arriva avec un paquet que ce dernier ouvrit et lut avec beaucoup d’attention, et dont le contenu parut l’intéresser et l’émouvoir profondément. Le messager chargé de ce paquet était parti d’Édimbourg peu de temps après eux ; mais il avait manqué les voyageurs en traversant Mid-Calder de nuit pendant que ceux-ci y reposaient, et était arrivé à Roseneath avant eux. Il en arrivait après avoir attendu plus de vingt-quatre heures. Sir George Staunton fit immédiatement une réponse, dont il chargea le messager, qu’il récompensa libéralement, le priant de ne pas s’arrêter pour se reposer, avant de l’avoir remise entre les mains de son agent.

Enfin ils montèrent dans la barque qu’ils avaient louée et qui les attendait depuis quelque temps. Pendant leur voyage, qui fut lent, parce que les bateliers furent obligés de ramer durant tout le trajet et souvent contre la marée, les questions de sir George se dirigèrent principalement sur les brigands montagnards qui ravageaient ce pays depuis 1745. Butler lui apprit qu’il y en avait beaucoup parmi eux qui n’étaient pas montagnards, mais des égyptiens vagabonds et des hommes perdus de crimes, qui avaient profité de la confusion amenée par la guerre civile, du mécontentement général des habitants des montagnes, et du désordre de la police, pour exercer leurs pillages avec plus d’audace. Sir George s’informa ensuite de leurs mœurs, de leurs habitudes, et demanda si, au milieu des actes de violence qu’ils commettaient, ils ne donnaient pas quelquefois des marques de générosité, en un mot, s’ils ne possédaient pas les vertus comme les vices des tribus sauvages.

Butler répondit qu’ils montraient bien quelquefois de ces étincelles de générosité qu’on rencontrait encore dans la dernière classe des malfaiteurs, mais que leurs mauvais penchants étaient les principes certains et réguliers de leurs actions, tandis que les bons sentiments qu’ils pouvaient laisser éclater de temps à autre n’étaient que l’effet d’une impression passagère sur laquelle il était impossible de compter, et qui était sans doute excitée en eux par le concours de quelques circonstances extraordinaires. Parmi les renseignements que donna Butler à sir George, dont les questions sur ce sujet paraissaient dictées par un intérêt qui