Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/561

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bannières auxquelles j’ai fait serment de fidélité. — Combien peut vous rapporter votre cure, demanda sir George Staunton, si pourtant la question n’est pas trop indiscrète ? — Environ 100 liv. sterl., une année sur l’autre, indépendamment du champ de blé et du pâturage annexés au presbytère. — Et vous vous feriez scrupule de l’échanger contre un bénéfice de 1200 liv. sterl. par an, sans alléguer aucune différence bien importante de doctrine entre l’Église d’Angleterre et celle d’Écosse ? — Sur ce point, monsieur, j’ai mes opinions particulières. Le culte anglican a certainement son mérite ; et il existe, il doit exister des moyens de salut dans les deux Églises : mais chaque homme doit agir selon ses propres lumières. J’espère avoir servi et servir encore, comme je le dois, mon divin Maître, dans cette paroisse des montagnes, et il me conviendrait mal, par un calcul intéressé, d’abandonner dans ce désert le troupeau qui m’est confié ; mais, même en envisageant cette affaire sous le point de vue temporel que vous m’avez présenté, sir George, ces 100 liv. sterl. par an nous ont nourris, habillés, ont pourvu à tous nos besoins, à tous nos désirs ; la succession de mon beau-père et d’autres circonstances nous ont permis d’acquérir un petit domaine dont le revenu s’élève à environ deux fois autant, et je ne sais en vérité de quelle manière nous l’emploierons. Ainsi, je vous laisse à penser, monsieur, s’il serait sage, n’ayant ni le désir ni l’occasion de dépenser 300 liv. sterl., d’envier la possession d’une somme quatre fois plus forte. — Voilà de la philosophie, dit sir George ; j’en avais entendu parler, mais je ne l’avais encore rencontrée nulle part. — C’est du bon sens, répondit Butler, et il s’accorde plus souvent avec la philosophie et la religion que les pédants ou les bigots ne se l’imaginent. »

Sir George changea de conversation et ne revint plus sur ce sujet ; et bien qu’on voyageât dans sa voiture, il prétexta une telle fatigue qu’on fut obligé de se reposer un jour dans une petite ville nommée Mid-Calder, qui forme la première poste en sortant d’Édimbourg, et qu’il fallut une autre journée pour arriver à Glasgow.

Ils arrivèrent à Dumbarton, où ils avaient résolu de laisser la voiture et de louer une barque qui les descendrait sur le rivage, non loin du presbytère, étant obligés de traverser le lac Gare, et le pays ne permettant pas d’ailleurs de voyager en voiture. Le valet de chambre de sir George, homme de confiance, les ac-