Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/482

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dard de la foi, Cargill, Peden, Cameron et Renwick, se plaisaient moins à consacrer les nœuds du mariage qu’à toute autre œuvre de leur saint ministère ; et, quoiqu’ils ne voulussent ni dissuader les parties, ni leur refuser leur office, ils regardaient ceux qui les sommaient de solenniser une union entre eux, comme donnant la preuve de l’indifférence la plus coupable aux malheurs du temps. Cependant, quoique le mariage eût été un piège pour beaucoup de gens, Davie était d’opinion, et il l’avait prouvé dans la pratique, que c’était un état fort honorable, surtout quand on vivait dans un temps où l’on ne courait pas le risque d’être pendu ou banni pour ses opinions, et lorsqu’on avait une fortune suffisante pour se soutenir, soi et ceux qui pouvaient venir après soi. « En conséquence, » concluait-il un peu brusquement en s’adressant à Jeanie et à Butler, qui, le visage enflammé et non sans inquiétude, avaient écouté ces arguments prolongés pour et contre le saint état du mariage, « je vous abandonnerai à vos propres réflexions. »

Comme, dans la conversation qu’ils eurent ensemble à la suite de cette conférence, Jeanie et Butler s’occupèrent de leurs espérances futures et de leurs sentiments actuels, cette conversation, tout intéressante qu’elle fût pour eux, le serait vraisemblablement très-peu pour le lecteur ; nous la passerons sous silence, et nous nous contenterons de rapporter ce qui concerne la fuite d’Effie, Butler, ayant communiqué à Jeanie sur ce sujet plusieurs détails qu’elle n’avait pu obtenir de son père.

Jeanie apprit donc qu’après l’arrivée de sa grâce, Effie était revenue dans la maison de son père, à Saint-Léonard, où elle était restée trois jours ; que les entrevues qui avaient eu lieu entre Davie et son enfant égaré, avant que celle-ci eût quitté la prison, avaient été extrêmement touchantes ; mais Butler ne pouvait s’empêcher de croire que lorsque le père avait été une fois rassuré sur la crainte de perdre sa fille d’une manière si terrible, il avait employé avec elle une sévérité capable de remplir d’amertume et d’exaspérer un esprit naturellement irritable et impatient, et qui l’était devenu doublement par le sentiment secret de sa faute qui l’exposait à une rigueur dont elle n’avait pas le droit de se plaindre.

La troisième nuit de son séjour à Saint-Léonard, Effie en disparut sans laisser aucun indice de la route qu’elle avait prise. Butler, cependant, voulut aller à sa recherche, et avec beau-