Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/476

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Que penseriez-vous maintenant, Reuben, d’une église, d’une église régulière du culte établi ? Si on vous en offrait une, vous sentiriez-vous libre de l’accepter, et à quelles conditions ? C’est seulement une question que je vous fais, dans cette supposition. »

Reuben répondit que si une telle offre lui était faite, la première chose qu’il examinerait probablement, serait l’utilité dont il pourrait être à la paroisse où il serait appelé, et qu’une fois satisfait sur ce point, son respectable ami devait sentir que, quant à tous les autres, ce serait une position qui ne pouvait que lui être avantageuse.

« C’est bien, Reuben, très-bien, mon garçon : votre propre conscience est ce que vous devez consulter avant tout ; car comment osera-t-il instruire les autres, celui que la lecture de la Bible n’empêchera pas de sacrifier son opinion spirituelle au vil intérêt d’un emploi mondain, et qui pour jouir du revenu d’une maison et d’autres avantages semblables fait de son église un rempart derrière lequel il vise à son vil salaire ? celui enfin qui ne voit dans l’Église qu’un moyen pour arriver à l’argent ? Mais j’attends de vous une autre conduite, et surtout je vous recommande de ne pas vous laisser guider entièrement par votre propre jugement, autrement vous vous exposeriez à tomber dans le péché et dans l’erreur. Si vous étiez mis à une telle épreuve, Reuben, quoique vous soyez un jeune homme instruit dans les langues mondaines et surtout dans celle qu’on parlait à Rome, qui est maintenant le siège de l’abomination, et en Grèce, où l’on méprisait les lumières de l’Évangile, vous n’en feriez pas moins bien de suivre le conseil d’un vieil ami et de vous laisser guider par ces anciens chrétiens, aussi fermes que prudents, qui ont passé par tant d’épreuves et de persécutions ; qui, forcés de se réfugier dans les marais, dans les profondeurs des bois, dans les cavernes, ont risqué cent fois leur vie plutôt que de sacrifier la droiture de leur cœur. »

Butler répondit que bien certainement, ayant le bonheur de posséder un ami tel qu’il se flattait de l’avoir dans le respectable Davie Deans qui avait passé par tant de vicissitudes dans le siècle précédent, il serait très-blâmable s’il ne profitait pas de son expérience et de ses bons conseils. « C’est assez, c’est assez, Reuben, » dit Davie Deans avec une satisfaction intérieure ; « et supposons que vous fussiez dans la position dont je parlais, je croirais certainement de mon devoir de vous faire connaître la vérité, et de