Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/431

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est, grâce à Dieu, accompli, et que tout a été pour le mieux, et que le duc d’Argyle a bien accueilli le papier de votre grand-père, et même qu’il a écrit votre nom avec un crayon sur un petit livre de maroquin, ce qui me fait croire qu’il pensera à vous pour une cure ou pour une école, car il en a assez à donner. Je vous dirai aussi que j’ai vu la reine, qui, de sa propre main, m’a donné un étui contenant un nécessaire. Elle n’avait pas sa couronne et son sceptre, mais on les lui garde, comme on fait des plus beaux habits des enfants, pour qu’ils les portent quand il en est besoin. On les tient renfermés dans une tour qui ne ressemble pas à la tour de Libberton ou à celle de Craig-Millar, mais plutôt au château d’Édimbourg, si les bâtiments étaient abattus et reconstruits au milieu du North-Loch. La reine a été aussi très-généreuse avec moi, elle m’a donné un papier qui, m’assure-t-on, vaut 50 liv. sterl., et cela, afin de payer les dépenses de mon voyage, tant de ma venue que de mon retour ; de sorte, monsieur Butler, que comme nous sommes enfants de voisins, et que nous nous connaissons depuis si long-temps, sans parler de ce dont il a été question entre nous, j’espère que vous ne vous laisserez pas manquer de ce qui est nécessaire à votre santé, puisqu’il est à peu près égal que ce soit vous ou moi qui ayons de l’argent, lorsque l’un de nous deux en a besoin. Et songez que ce que j’en dis n’est pas pour vous rappeler rien de ce que vous seriez peut-être bien aise d’oublier, dans le cas où vous obtiendriez un emploi dans l’Église ou une école, comme je l’ai dit ci-dessus. Seulement, j’espère que ce sera plutôt une école qu’une église, à cause du serment et du patronage qui pourraient ne pas passer facilement avec mon digne père ; à moins que vous ne puissiez obtenir d’être nommé à la paroisse de Shrerghmedead, comme vous en avez eu un moment l’espérance, car je lui ai entendu dire que l’arbre de la vraie doctrine était plus profondément enraciné dans cette paroisse presque inculte, que dans la Canongate d’Édimbourg. J’aurais voulu savoir de quels livres vous auriez besoin, monsieur Butler, car on en a ici des maisons toutes pleines, et on en a tant qu’on est obligé d’en mettre dans la rue, et ceux-là sont probablement vendus à bon marché, car on doit être bien aise de s’en débarrasser, pour qu’ils ne soient pas gâtés par le mauvais temps. C’est une bien grande ville que Londres, et j’ai vu tant de choses que ma pauvre tête en est tout étourdie. Vous savez depuis long-temps que je ne suis pas forte sur l’écriture, il est près d’onze heures