Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/429

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de l’affaire que vous savez. Ainsi donc, monsieur, je prie le ciel qu’il vous accorde une meilleure santé de corps et d’âme, et je souhaite que le grand médecin vienne un jour vous visiter dans sa bonté. Je vous prie aussi, monsieur, de ne jamais revoir ma sœur : plût à Dieu que vous ne l’eussiez jamais vue ! Sur quoi, loin de vous désirer aucun mal, mais, au contraire, tout le bien possible, c’est-à-dire que vous quittiez vos voies d’iniquité (car pourquoi souhaiterais-je votre mort ?), je reste votre très-humble servante, prête à vous obéir.

Vous savez qui. »

La lettre suivante était adressée à son père : elle est trop longue pour la rapporter tout entière, nous n’en donnerons que des extraits.

«très-cher et très-honoré père,

« La présente, avec mes humbles respects, est pour vous informer qu’il a plu à Dieu de racheter la captivité de ma pauvre sœur, c’est à-dire que Sa glorieuse Majesté la Reine, pour laquelle nous sommes à jamais tenus de prier, a racheté son âme en lui accordant la rançon de vie sous la forme d’un pardon. Et j’ai parlé à la reine, face à face, et je n’en suis pas morte, car elle ne diffère pas beaucoup d’autres grandes dames, si ce n’est qu’elle a une majestueuse prestance, et un œil perçant comme celui d’un faucon, qui vous transperce de part en part comme le poignard d’un montagnard. Tout ce bien a été accompli, avec la permission du grand dispensateur, dont nous ne sommes que les instruments, par le duc d’Argyle, qui est un bon et véritable Écossais, et pas fier comme d’autres gens que nous connaissons, et qui s’entend assez bien en bestiaux pour un grand seigneur, à propos de quoi il m’a donné deux vaches du Devonshire, dont il est amoureux, quoique je tienne toujours pour la vraie race de l’Ayrshire. Je lui ai aussi promis un fromage, et je désirerais, si Gowan, notre vache bariolée, a une génisse, qu’on pût l’élever, car j’ai entendu dire qu’il n’en avait pas de cette race, et il n’est pas dédaigneux, mais au contraire, il acceptera volontiers le présent de pauvres gens, afin qu’ils puissent soulager leur cœur de la dette qu’ils ont contractée envers lui. Son Honneur le duc veut bien accepter aussi un de mes fromages de Dunlop, et ce ne sera pas ma faute s’il n’a pas le meilleur qui ait jamais été fait dans le Lowden. » (Ici suivaient, sur la race des bestiaux et les travaux de la laiterie, quelques observations que nous nous proposons d’en-