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de nouvelles questions. « Était-elle restée tout ce temps à l’hôtel d’Argyle ? Le duc y était-il avec elle ? Avait-elle vu la duchesse et les jeunes demoiselles, et en particulier lady Caroline Campbell ? » Jeanie répondit en général à toutes ces questions, qu’elle connaissait si peu la ville, qu’il lui était impossible de dire où elle avait été ; qu’elle ne croyait pas avoir vu la duchesse ; qu’elle avait vu deux dames, dont l’une se nommait Caroline, à ce qu’elle croyait avoir entendu dire, mais qu’elle n’en pouvait dire davantage.

« C’est probablement la fille aînée du duc, lady Caroline Campbell. Il n’y a aucun doute, dit mistress Glass ; mais vraisemblablement j’en apprendrai davantage de Sa Grâce. D’ailleurs, la nappe est mise dans le petit parloir là-haut, car il est plus de trois heures, et vous saurez qu’après vous avoir attendue pendant plus d’une heure j’ai mangé un morceau ; ainsi il est temps que vous dîniez à votre tour ; car, suivant le vieux dicton écossais : La conversation ne va que d’une aile entre celui qui a le ventre plein et celui qui est à jeun.


CHAPITRE XXXIX.

CORRESPONDANCE.


Le ciel permit l’invention des lettres pour le soulagement de quelques malheureux, d’un amant exilé, d’une belle captive.
Pope.


À force de travail et de peine, Jeanie parvint à rédiger et à mettre à la poste, le jour suivant, non moins de trois lettres, entreprise si extraordinaire pour elle, et si étrangère à ses habitudes, qu’elle aurait préféré faire trois fois autant de fromages de Dunlop. La première de ces lettres était très-courte. Elle était adressée à Georges Staunton, écuyer, au rectorat de Willingham par Grantham, dont elle avait appris l’adresse entre autres choses que lui avait communiquées le paysan bavard qui l’avait conduite à Stamford. Elle était ainsi conçue :

« Monsieur,

« Pour prévenir de nouveaux malheurs, dont il me semble qu’il y a eu assez, celle-ci est afin de vous apprendre que j’ai obtenu, de Sa Majesté la Reine, la grâce de ma sœur, ce dont je ne doute pas que vous ne vous réjouissiez, et je n’ai pas eu besoin de parler