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c’était généralement en défendant ses intérêts qu’il s’attirait le déplaisir de son souverain. Dans l’affaire de Porteous, entre autres, l’énergique éloquence avec laquelle il combattit les mesures sévères qu’on se préparait à adopter contre la ville d’Édimbourg, avait inspiré aux habitants de cette ville d’autant plus de reconnaissance, qu’on avait répandu le bruit que la reine Caroline s’était tenue personnellement offensée de l’intervention du duc.

Sa conduite dans cette circonstance, de même que celle de tous les membres écossais de la chambre, à une ou deux honteuses exceptions près, fut distinguée par son indépendance et son courage. La tradition populaire, relativement à sa réponse à la reine Caroline, a déjà été rapportée, et l’on conserve encore quelques fragments de son discours contre le bill Porteous. Il repoussa et fit retomber sur le chancelier, lord Hardwicke, l’imputation que celui-ci lui avait faite de traiter plutôt cette affaire comme partie que comme juge… « J’en appelle à la chambre, dit Argyle… j’en appelle à la nation… qu’elle décide si je puis être flétri avec justice du reproche de soutenir une faction. Ai-je acheté des votes ? me suis-je montré l’agent de la corruption dans un but ou pour un parti quelconque ? Examinez ma vie, mes actions pendant la guerre, ou dans le conseil, et voyez si vous y trouvez une tache qui puisse flétrir mon honneur. Je me suis montré l’ami de mon pays… sujet fidèle de mon roi…je suis prêt à le faire encore, sans avoir égard un moment à la faveur ou à la disgrâce de la cour : je les ai éprouvées toutes deux, et je suis préparé à les recevoir l’une ou l’autre avec indifférence. J’ai donné mes raisons pour m’opposer à ce bill, et j’ai fait voir qu’il est contraire au traité d’union qui lie les deux royaumes, à la liberté de l’Écosse, et par suite à celle de l’Angleterre, enfin à la justice, au sens commun et à l’intérêt public. Verra-t-on la métropole de l’Écosse, la capitale d’une nation indépendante, la résidence d’une longue suite de rois qui illustrèrent et embellirent cette noble ville ; la verra-t-on, pour la faute d’une troupe obscure et inconnue de séditieux, privée de ses privilèges et de ses gardes ? Et moi, né Écossais, supporterai-je lâchement cet affront ? Non, milords : je me glorifie de m’opposer a une aussi injuste rigueur, et je mets mon orgueil et mon honneur à élever ma voix pour la défense de mon pays natal ainsi exposé à une humiliation peu méritée et à une injuste spoliation. »

D’autres orateurs, soit anglais, soit écossais, employèrent les