Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/385

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tres royaumes encore que l’Écosse ; aussi essentielle à nos besoins spirituels que l’eau de la terre l’est à nos besoins temporels, elle se répand dans le monde chrétien, et se divise en une infinité de branches dont l’espèce peut différer, mais dont la vertu est également efficace. — Ah ! oui, dit Jeanie ; mais quoique les eaux puissent être les mêmes, la bénédiction n’est pas répandue sur toutes de la même manière. C’est en vain que Naaman le lépreux se serait baigné dans Parphar et Abana, rivières de Damas ; il lui fallait les eaux du Jourdain pour accomplir sa guérison. — Fort bien, dit le recteur ; mais nous n’entamerons pas ici la grande discussion sur la prééminence de nos deux Églises nationales ; nous tâcherons de vous prouver que, malgré nos erreurs, nous pratiquons la charité chrétienne, et que nous cherchons à assister nos frères dans leurs besoins. »

Il fit ensuite appeler mistress Dalton, lui confia Jeanie en lui recommandant d’avoir soin d’elle, et assura cette dernière que le lendemain matin de bonne heure elle aurait un bon cheval et un guide sur pour la conduire à Stamford. Il prit ensuite congé d’elle d’un air de dignité mêlé de bonté, et lui souhaita plein succès dans l’objet de son voyage, ne doutant pas, ajouta-t-il, d’après le bon sens et le jugement éclairé qu’elle avait montrés dans la conversation, que ces motifs ne fussent louables.

Jeanie fut encore une fois reconduite par la femme de charge dans son appartement ; mais la soirée ne se passa pas sans de nouvelles persécutions de la part du jeune Staunton. Le fidèle Thomas trouva le moyen de lui glisser un papier dans la main : son maître y exprimait le désir de la voir, ou plutôt la priait de se rendre immédiatement auprès de lui, assurant qu’il avait pris ses précautions contre toute nouvelle interruption.

« Dites à votre jeune maître, » répondit tout haut Jeanie, et sans avoir égard aux signes par lesquels Thomas cherchait à lui faire comprendre que mistress Dalton ne devait pas être admise dans le secret ; « dites à votre maître que j’ai donné ma parole à son digne père que je ne le verrais pas. — Thomas, dit mistress Dalton, il me semble que, d’après la livrée que vous portez et la maison dans laquelle vous êtes, vous pourriez vous occuper d’une manière plus honorable qu’à porter des billets de votre jeune maître aux jeunes filles que le hasard peut amener chez Sa Révérence. — Quant à cela, mistress Dalton, je suis payé pour exécuter les ordres qu’on me donne, et non pour faire des ques-