Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/358

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« Comment cela va-t-il, Thomas, dit le bedeau, et comment va le jeune M. Staunton ? — Assez bien, monsieur Stubbs. Désirez-vous voir Sa Révérence ? — Oui, oui, dites-lui que je lui amène la jeune fille qui est entrée dans l’église pendant le service avec Madge Murdockson… Elle a l’air assez décent et assez raisonnable, mais je ne lui ai pas fait une seule question ; seulement vous pouvez prévenir Sa Révérence que c’est une Écossaise, à ce que j’ai pu voir. »

Thomas honora Jeanie d’un de ces regards impertinents que les domestiques gâtés des grands, soit spirituels, soit temporels, se croient autorisés à jeter sur les pauvres ; puis il pria M. Stubbs d’entrer avec elle et d’attendre qu’il eût averti son maître.

La salle où on les introduisit était une espèce de parloir qui servait au majordome de la maison. Il était tapissé d’une ou deux cartes de géographie, et de trois ou quatre portraits de personnages célèbres du pays, comme sir William Monson[1], James Jork, le serrurier de Lincoln, et le fameux Pérégrine, lord Willoughby, revêtu d’une armure complète, et ayant l’air de dire les paroles qu’on trouve au bas de la gravure :

Tenez ferme, arquebusiers ;
Gardez bonne contenance.
Archez, tirez, preux guerriers,
Nous les tuerons à distance.
Fusiliers et canonniers,
À vos rangs soyez fidèles ;
Et, le premier aux combats,
Vous me verrez du trépas
Braver les foudres nouvelles :
En avant ! — C’était ainsi
Qu’à ses troupes immortelles
S’adressait lord Willoughby.

En entrant dans ce parloir, la première chose que fit Thomas fut d’offrir à M. Stubbs de prendre quelque chose sans façon ; ce que celui-ci accepta sans plus de cérémonie. En conséquence, Thomas mit devant lui les respectables restes d’un jambon et un pot rempli d’excellente ale double. M. le bedeau ne se fit pas prier pour faire honneur à ces provisions, et nous lui devons la justice de dire qu’il invita Jeanie à suivre son exemple, invitation que Thomas lui-même appuya ; mais quoiqu’elle dût avoir besoin de nourriture, n’ayant rien pris de la journée, l’inquiétude

de son esprit, ses habitudes et sa frugalité, et surtout une

  1. Amiral sous Élisabeth. a. m.