Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heurs de sa famille, mais elle sentait en même temps que mistress Saddletree était une femme qui n’avait qu’une manière de penser ordinaire, incapable, par le peu d’élévation de son esprit et par ses habitudes, d’accueillir avec enthousiasme la résolution qu’elle avait formée, et rien n’eût été plus pénible pour elle que d’entrer en discussion sur ce projet, et d’être réduite à lui en démontrer la convenance et la nécessité pour obtenir d’elle les moyens de l’exécuter.

Butler, sur le secours duquel elle aurait pu compter, était beaucoup plus pauvre qu’elle. Dans cet état de choses elle s’avisa, pour surmonter cette difficulté, d’une résolution singulière, et dans le chapitre suivant nous verrons de quelle manière elle l’exécuta.


CHAPITRE XXVI.

PROPOSITIONS DE MARIAGE.


C’est la voix du paresseux ; je l’ai entendu se plaindre qu’on l’avait réveillé trop tôt, qu’il avait encore envie de dormir ; et pendant que sa porte qu’on referme tourne sur ses gonds, il se retourne sur le côté, et repose sur l’oreiller sa tête pesante.
Le docteur Watts.


Le château de Dumbiedikes, où nous allons maintenant conduire nos lecteurs, était à trois ou quatre milles (il n’est pas ici très-nécessaire d’être d’une grande exactitude topographique) au sud de Saint-Léonard. Il avait eu jadis une espèce de célébrité, car le vieux laird, dont la réputation était bien établie dans tous les cabarets à un mille à la ronde, portait l’épée, avait un beau cheval de selle et une couple de chiens de chasse, jurait, faisait le tapageur, pariait à toutes les courses de chevaux et à tous les combats de coqs, suivait les faucons de Somerville et la même de lord Ross, et passait en tous points pour un gentilhomme accompli ; mais la maison avait perdu une partie de sa splendeur depuis le propriétaire actuel, qui ne se souciait d’aucun de ces plaisirs de la campagne, et qui était aussi économe, aussi timide, aussi retiré dans ses habitudes, que son père avait été rapace et prodigue à la fois, impudent et libertin.

Le château de Dumbiedikes était ce qu’on appelle en Écosse une maison simple, c’est-à-dire qu’il n’avait qu’une seule chambre à chaque étage, laquelle était éclairée par six ou huit croisées dont