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les avocats de la couronne, qui formaient le ministère public, s’occupaient à recevoir leurs notes, leurs documents de procédure ; ils avaient l’air grave et se parlaient bas les uns aux autres.

Ils occupaient un côté d’une grande table placée devant leur banc ; de l’autre siégeaient les avocats, auxquels l’humanité de la loi d’Écosse, plus généreuse en cela que celle de l’Angleterre, non-seulement permet, mais même enjoint d’aider de leurs conseils tous les individus qui paraissent en jugement. M. Nicol Novit se montrait activement occupé à donner des instructions au conseil de l’accusée, d’un air plein d’importance. En entrant dans la salle d’audience, Deans demanda au laird d’une voix basse et tremblante : « Où sera-t-elle placée ? »

Dumbiedikes parla bas à Novit, qui, indiquant du doigt un espace vacant à la barre en face des juges, offrit d’y conduire Deans.

« Non, dit-il, je ne puis pas m’asseoir auprès d’elle… je ne puis pas la voir… pas encore du moins… je veux me tenir hors de sa vue, et porter mes yeux autre part… cela vaudra mieux pour tous deux. »

Saddletree, dont l’intervention officieuse s’était attiré deux ou trois rebuffades du conseil, qui l’avait prié de se mêler de ses propres affaires, vit avec plaisir une occasion de jouer le rôle d’un personnage important. Il s’avança avec empressement vers le malheureux vieillard, et chercha à montrer le crédit dont il jouissait en lui procurant, par le moyen des huissiers et des gardiens de la barre, une place où il était à l’abri de l’observation générale.

« Il est bon d’avoir des amis dans la salle d’audience, » dit-il en continuant ses insipides harangues à son inattentif auditeur qui ne les écoutait ni ne songeait à y répondre. « Bien peu de gens auraient pu vous procurer une telle place. Les juges seront ici incontinent, et procéderont au jugement instanter. On n’entoure pas ici la cour comme on fait aux assises de circuit ; la haute cour de justice est toujours close. Mais, bon Dieu ! que faisons-nous ? Jeanie, vous êtes citée comme témoin. Huissier cette fille est témoin dans l’affaire… il faut qu’elle soit renfermée, elle ne peut rester avec tout le monde. Monsieur Novit, ne faut-il pas que Jeanie passe dans la chambre des témoins ? »

Novit répondit affirmativement, et offrit de conduire Jeanie dans la salle où, suivant la pratique scrupuleuse de la cour d’É-