Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/189

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à lui faire. Mais d’abord, monsieur Butler, regardez-la bien une seconde fois. — Oui, ministre, s’écria Madge, regardez-moi bien ; j’en vaux bien autant la peine qu’aucun de vos livres, et je puis dire ce que c’est que le catéchisme, la grâce efficace, et la justification, et l’assemblée des théologiens à Westminster ; c’est-à-dire, » ajouta-t-elle à voix basse, « que je savais tout cela autrefois… mais il y a long-temps, et on oublie, vous savez. » Ici la pauvre Madge poussa encore un profond soupir.

« Eh bien ! monsieur, » dit Sharpitlaw à Butler, « qu’en dites-vous, maintenant ? — Ce que j’en ai déjà dit, répondit Butler ; je n’ai jamais vu de ma vie cette pauvre insensée. — Ainsi, ce n’est donc pas la personne à qui les révoltés donnèrent la nuit dernière le nom de Madge Wildfire ? — Non, certainement, dit Butler : celle-ci peut avoir la même taille ; car toutes deux sont grandes ; mais, du reste, je ne vois aucune ressemblance. — Leur costume n’est pas le même non plus ? dit Sharpitlaw. — En aucune façon, répondit Butler. — Madge, ma bonne fille, » dit Sharpitlaw du ton doucereux qu’il avait déjà pris, « qu’avez-vous fait hier de vos habits de tous les jours ? — Je ne m’en souviens pas, dit Madge. — Où étiez-vous hier soir, Madge ? — Je ne me rappelle rien de ce qui s’est passé hier, répondit Madge. On a bien assez de peine à s’occuper d’un jour à la fois, et quelquefois c’est encore trop. — Mais peut-être, Madge, vous en souviendriez-vous, si je vous donnais une demi couronne ? » dit Sharpitlaw en lui en montrant une qu’il tira de sa poche.

« Cela pourrait me faire rire, mais cela ne m’en ferait pas souvenir. — Mais, Madge, continua Sharpitlaw, si je vous envoyais à la maison de correction de Leith, et si j’ordonnais à John Dalgleish de vous caresser les épaules avec son fouet ?… — Cela me ferait pleurer, » dit Madge en sanglotant ; « mais vous savez bien que cela ne pourrait pas m’en faire souvenir. — Elle n’a pas assez de sens pour qu’on puisse employer avec elle les moyens qui agissent sur les gens raisonnables, monsieur, dit Ratcliffe. Elle ne se soucie ni de l’argent, ni de John Dalgleish avec son fouet, mais je crois que je pourrai peut-être en tirer quelque chose. — Essayez donc, Ratcliffe, dit Sharpitlaw, car j’ai assez de ses extravagances ; que le diable l’emporte ! — Madge, dit Ratcliffe, avez-vous quelque amoureux maintenant ? — Si quelqu’un vous le demande, dites que vous n’en savez rien. Mais voyez donc ce vieux Daddie Raton qui me parle de mes amoureux ! — Du