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pose pas… Alors elle aurait le comté, le domaine d’Oakendale, celui de Nettlewood, tout enfin… Corbleu ! nous serions les gagnants, cette fois ! Mais, sur ma parole, la première chose que j’aie à espérer, c’est que toute cette histoire soit vraie ; car elle m’arrive par un canal qui m’est suspect. Je vais aller trouver Clara… obtenir d’elle la vérité, puis je réfléchirai à ce que je dois faire. »

Après s’être habillé, le jeune laird de Saint-Ronan descendit dans la salle où ils avaient soupé la veille, et où le déjeuner était déjà servi. Ne voyant point sa sœur, il fit appeler la femme de chambre de miss Mowbray, et lui demanda si sa maîtresse n’était pas encore levée.

« Non, jusqu’à présent, elle n’a pas sonné du moins, répondit-elle. — Elle est moins matinale que d’habitude, dit Mowbray, mais elle n’a pas bien reposé la nuit dernière. Marthe, allez lui dire de se lever sur-le-champ. J’ai d’excellentes nouvelles à lui apprendre… si elle a la migraine, je monterai les lui dire avant qu’elle se lève… Allez comme l’éclair. »

Marthe alla, mais revint au bout de deux minutes, annonçant qu’elle avait eu beau frapper, que sa maîtresse ne l’avait pas entendue. Mowbray s’élança du fauteuil où il s’était jeté, traversa le corridor en courant, et frappa vigoureusement à la porte de sa sœur, mais sans obtenir de réponse. Ce fut aussi vainement qu’il l’appela à plusieurs reprises ; enfin, désespéré de ne pas entendre le moindre bruit dans la chambre, il voulut ouvrir la porte, mais elle était fermée à l’intérieur. Après avoir encore appelé, supplié, « Personne ne bouge, » dit-il à la femme de chambre, que venait de rejoindre M. Touchwood. Celle-ci, après le premier instant de confusion, se rappela enfin qu’un escalier dérobé conduisait de chez sa maîtresse dans le jardin, et dit qu’elle pouvait être sortie par cette issue.

« Sortie ! » s’écria Mowbray, dont l’inquiétude s’accrut encore en voyant l’épais brouillard ou plutôt la petite pluie qui obscurcissait une matinée de novembre ; « sortie, répliqua-t-il, et par un temps semblable !… Mais nous pouvons pénétrer dans sa chambre par l’escalier dérobé. »

En parlant ainsi, et laissant son hôte libre de rester ou de le suivre, il traversa le jardin en toute hâte, trouva la porte de l’escalier ouverte, monta à l’appartement de sa sœur ; mais elle n’y était pas, et il fut aisé de reconnaître qu’elle ne s’était ni déshabillée, ni couchée de la nuit. Se frappant le front dans un accès de désespoir,