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CHAPITRE XXXVII.

LES RECHERCHES.


C’est une mauvaise nuit pour nager.
Shakspeare. Le roi Lear.


Il y avait une sorte d’égarement et d’incertitude dans les idées de Mowbray, lorsqu’il s’éveilla d’un sommeil fiévreux le matin qui suivit cette mémorable entrevue. La crainte que sa sœur, qu’il aimait en réalité autant qu’il était capable d’aimer quelque chose, ne l’eût déshonoré lui et son nom, et l’horrible souvenir de leur dernier entretien, furent les premières pensées qui, au réveil, frappèrent son imagination. Vint ensuite le récit de Touchwood, qui justifiait Clara ; et il se persuada ou chercha à se persuader qu’elle avait compris l’accusation qu’il avait portée contre elle, comme se rapportant à son attachement pour Tyrrel et aux fatales conséquences de cet attachement. Il douta bientôt qu’elle eût pu commettre une semblable méprise, et il craignit qu’elle n’eût été retenue par d’autres motifs que sa répugnance à confesser la vile supercherie que Bulmer avait employée à son égard ; enfin il s’affermit dans sa première et rassurante opinion, en se rappelant qu’épouvantée comme elle l’était à l’idée d’épouser l’homme qu’il lui proposait, elle devait avoir cru qu’elle achèverait sa propre ruine, si elle lui donnait connaissance du mariage clandestin.

« Oui oh ! oui ! se dit-il à lui-même, elle a dû penser que cette histoire me rendrait plus empressé à prendre les intérêts de ce misérable, comme le meilleur moyen d’étouffer cette déplorable affaire ; et ma foi ! elle ne conjecturait pas à faux, car s’il eût été réellement comte d’Étherington, je ne vois pas ce qu’elle aurait pu faire de mieux. Mais ce titre de comte ne lui appartient pas, et je me contenterai de l’assommer à coups de bâton aussitôt que je serai parvenu à me soustraire à la surveillance de ce vieux brouillon, qui veut toujours faire à sa guise… Mais que résoudre à l’égard de Clara ? Ce prétendu mariage n’est qu’une niaiserie, et les deux parties doivent être dégagées. Elle aime ce grave monsieur qui, après tout, se trouve être le rejeton du vieil arbre… mais je ne l’aime guère, moi, quoiqu’il y ait quelque chose en lui qui sente le lord. Bien certainement un peintre vagabond ne l’aurait pas déterminée à un mariage secret. Elle peut l’épouser si la loi ne s’y op-