Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/345

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délai possible. Vous ne vous étonnerez pas qu’on ne voyage point avec ces sortes de documents dans une chaise de poste. — Certainement non, milord ; il est suffisant qu’elles soient produites lorsque besoin sera… mais puis-je vous demander quel est l’auteur de cette lettre, et s’il a des motifs particuliers de haine qu’il veuille satisfaire par ces imprudentes assertions ? — Il est, ou du moins il passe pour être, je suis fâché de le dire, un de mes très proches parents… un frère du côté paternel, mais un frère illégitime… Mon père le chérissait beaucoup… Je l’aimais aussi, car il possède des qualités vraiment rares, et il passe généralement pour un homme supérieur ; mais il y a quelque chose d’irrégulier dans son esprit… Un grain de folie qui rend le pauvre jeune homme dupe de vaines illusions touchant ses dignités et sa grandeur. Cette démence lui inspire la plus profonde aversion contre ses proches parents, et en particulier contre moi. C’est un homme extrêmement agréable par le ton et les manières, si bien que la plupart de mes amis pensent qu’il y a plus de malice que de folie dans son fait ; mais j’espère qu’on doit me pardonner de juger avec moins de rigueur un individu qui passe pour fils de mon père. Vraiment ! je ne puis m’empêcher d’être fâché pour ce pauvre Frank, qui aurait pu faire une excellente figure dans le monde. — Puis-je vous demander le nom de ce jeune homme, milord ? — L’indulgence de mon père lui a donné notre nom de famille, Tyrrel, et son propre nom de baptême, Francis ; mais son véritable nom, le seul auquel il ait droit, est Martigny. — Francis Tyrrel ! s’écria Mowbray ; mais précisément, c’est le nom de l’individu qui a fait du tapage aux Eaux avant l’arrivée de Votre Seigneurie… vous pouvez avoir vu un avertissement… une espèce de placard. — Oui, monsieur Mowbray, répondit le comte ; mais épargnez-moi sur ce sujet, je vous en conjure. Voilà le véritable motif qui m’a empêché jusqu’à présent d’avouer la connexion qui existe entre ce malheureux et moi ; mais il n’est pas étonnant que des personnes dont l’imagination est exaltée se précipitent dans des querelles sans motifs, puis battent honteusement en retraite. — Ou bien après tout, dit M. Mowbray, on peut l’avoir empêché d’aller au rendez-vous… c’était le jour où Votre Seigneurie, je crois, reçut sa blessure ; et si je ne me trompe, vous avez vous-même blessé l’homme qui avait tiré sur vous. — Mowbray, » répliqua Étherington en baissant la voix et en le prenant par le bras, « vous dites la pure vérité… et je suis vivement satisfait de remarquer que les conséquences de