Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/23

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sur son compte, sinon que c’était un digne et brave homme. Le plus jeune étranger est son fils, à peine rétabli de la maladie anglaise qui a fait ravage dans le Westmoreland et dans le Cumberland. — Dis-moi, demanda Bend-the-Bow, ce même Bertram n’était-il pas, il y a une année environ, au service de quelque noble dame de notre pays ? — Je l’ai entendu dire, répliqua Dickson. — En ce cas, nous courons, je pense, peu de risque, repartit Bend-the-Bow, en permettant à ce vieillard et à son fils de continuer leur route vers le château. — Vous êtes mon aîné et mon supérieur, répliqua Anthony ; mais je puis vous rappeler que ce n’est pas tout-à-fait notre devoir de laisser un jeune homme si récemment attaqué d’une maladie contagieuse pénétrer dans une garnison de mille hommes de tous rangs. Je ne sais si notre commandant n’aimerait pas mieux apprendre que Douglas-le-Noir, avec cent diables noirs comme lui, ont pris possession de l’avant-poste d’Hazelside à coups de sabre et de hache d’armes, que de savoir qu’une personne infectée de cette maladie infernale est entrée paisiblement et par la porte toute grande ouverte du château. — Il y a quelque chose dans ce que tu dis là, Anthony, répliqua son camarade ; et considérant que notre gouverneur, en se chargeant de la maudite besogne de défendre le château le plus périlleux de l’Écosse, est devenu un des hommes les plus prudents et les plus circonspects qui soient au monde, nous ferons très bien, je pense, de l’informer du fait et de prendre ses ordres pour savoir comment il nous faut disposer de ce jeune garçon. — Me voilà content, dit l’archer ; mais peut-être serait-il convenable, afin de montrer que nous savons comment les choses en pareil cas se pratiquent, d’adresser certaines questions au jeune homme… combien de temps a duré sa maladie ? par quels médecins a-t-il été soigné ? depuis quand il est guéri ? comment sa guérison peut-elle être certifiée ? etc. — C’est vrai, confrère, dit Bend-the-Bow. Tu entends, ménestrel, nous voudrions demander certaines choses à ton fils… Qu’est-il donc devenu ?… il était ici tout à l’heure ! — Avec votre permission, messieurs, répondit Bertram, il n’a fait que passer dans cette pièce. Maître Thomas Dickson, à ma prière, aussi bien que par respect et par égard pour la santé de Vos Honneurs, lui a fait promptement traverser ce salon : il a pensé qu’une chambre à coucher était l’endroit qui convenait le mieux à un jeune homme relevant d’une grave maladie, et après une journée de grande fatigue. — Il est peu ordinaire, reprit le vieil archer, de voir les hommes qui, comme nous, ne savent que bander leurs