Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/195

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L’issue du long et terrible combat entre Douglas et de Walton ne resta plus long-temps incertaine. À vrai dire, le nombre des victoires remportées en combat singulier par Douglas était si grand, qu’on pouvait douter s’il n’était pas supérieur en force et en adresse à Robert Bruce lui-même : il était du moins regardé presque comme son égal dans l’art de la guerre.

Après trois quarts d’heure d’une lutte acharnée, Douglas et de Walton, dont les nerfs n’étaient pas absolument de fer, commencèrent à laisser apercevoir par quelques signes que leurs corps d’humains se ressentaient de leurs terribles efforts. Les coups commencèrent à être portés plus lentement et furent parés avec moins de promptitude. Douglas, voyant que le combat touchait à sa fin, fit généreusement signe à son antagoniste de le suspendre un moment.

« Brave de Walton, dit-il, il n’y a point de querelle à mort entre nous, et vous devez reconnaître que, dans cette passe d’armes, Douglas, bien qu’il ne possède en ce monde que son manteau et son épée, s’est abstenu de prendre un avantage décisif, avantage que la chance du combat lui a offert plus d’une fois. La maison de mon père, les larges domaines qui l’entourent, l’habitation et les sépulcres de mes ancêtres forment une récompense raisonnable pour exciter un chevalier à combattre ; ils m’ordonnent d’une voix impérative de poursuivre une lutte dont le prix est si beau. Quant à vous, vous êtes toujours aussi bien venu près de cette noble dame, dont je vous garantis l’honneur et la sûreté, que si vous la receviez des mains du roi Édouard lui-même ; et je vous donne ma parole que les plus grands honneurs qui puissent attendre un chevalier malheureux, sans l’ombre de ce qui pourrait ressembler à une insulte ou à une injure, seront réservés à de Walton, s’il remet le château ainsi que son épée à James de Douglas. — C’est le destin auquel je suis peut-être condamné, répliqua sir John de Walton ; mais jamais je ne m’y soumettrai volontairement, et l’on ne dira pas de moi que ma propre bouche, à moins que je ne fusse réduit à la dernière extrémité, a prononcé contre moi-même la fatale condamnation. Pembroke est en marche avec toute son armée pour secourir la garnison de Douglas ; j’entends même déjà le galop de son cheval, et je ne lâcherai point pied lorsque je suis à l’instant d’être secouru. Je ne crains pas non plus que l’haleine qui commence à me manquer ne me permette pas de soutenir cette lutte jusqu’à l’arrivée du secours que j’attends. Allons donc, et ne me traitez pas comme un enfant, mais comme un homme qui, destiné