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Le chevalier de Walton tira son épée : « Je tiens le château de Douglas, dit-il, et je le défendrai contre l’univers entier… Jamais d’ailleurs je ne demanderai à personne ce que je puis m’assurer par ma seule épée. — Je suis des vôtres, sir John, dit Aymer de Valence, et je vous soutiendrai en bon camarade contre quiconque peut nous chercher querelle. — Courage, nobles Anglais ! dit la voix de Greenleaf, prenez vos armes, au nom de Dieu ! Arcs et bills ! arcs et bills !… Un messager nous apporte la nouvelle que Pembroke est en marche venant des frontières d’Ayrshire, et qu’il nous aura rejoints avant une demi-heure. Au combat, vaillants Anglais ! Valence, rescousse ! et vive le brave comte de Pembroke ! »

Les Anglais qui se trouvaient dans l’église et à l’entour ne tardèrent pas un instant à prendre les armes. De Walton cria de toutes ses forces : « Je conjure Douglas de songer à la sûreté des dames ! » Et il se fraya un passage vers la porte de l’église, les Écossais ne pouvant résister à l’impression de terreur qui s’empara d’eux à la vue de cet illustre chevalier secondé par son frère d’armes, tous deux depuis long-temps la terreur du pays. De Walton eût réussi à sortir tout-à-fait de l’église, s’il n’eût été courageusement arrêté par le jeune fils de Thomas Dickson d’Hazelside, tandis que son père recevait de Douglas l’ordre de veiller à ce que les dames étrangères ne souffrissent aucun mal durant le combat qui, long-temps différé, allait enfin s’engager.

Durant ce temps-là, de Walton jetait les yeux sur lady Augusta avec un vif désir de voler à son secours ; mais il fut obligé de reconnaître qu’il pourvoirait mieux à sa sûreté en la laissant sous la protection de l’honneur de Douglas.

En attendant, le jeune Dickson frappait coups sur coups, demandant à son courage, malgré son extrême jeunesse, tous les efforts dont il était capable pour conquérir la gloire réservée au vainqueur du célèbre de Walton.

« Jeune fou, » dit enfin sir John, qui avait d’abord épargné le pauvre garçon, « reçois donc la mort d’une noble main, puisque tu la préfères à des jours longs et paisibles. — Peu m’importe, » répliqua le jeune Écossais d’une voix mourante ; « j’ai vécu assez long-temps, puisque je vous ai retenu si long-temps à la place où vous êtes. »

Le jeune homme disait vrai ; car, au moment même où il tombait pour ne plus se relever, Douglas le remplaça, et sans dire un seul