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CHAPITRE XVII.

LA RENCONTRE.


Le terrain qu’ils traversaient était, comme lady Augusta pouvait s’en apercevoir, rompu et fort inégal, et quelquefois, à ce qu’elle pensa, encombré de ruines qu’ils avaient de la peine à traverser. La vigueur de son compagnon la tirait d’embarras dans ces occasions ; mais il lui prêtait ce secours d’une façon si brutale qu’une ou deux fois la dame, soit crainte, soit douleur, fut forcée de pousser un gémissement ou un profond soupir, malgré tout son désir de ne manifester aucun signe de la frayeur qu’elle éprouvait ou du mal dont elle avait à souffrir. Dans une de ces occasions, elle sentit distinctement que le rude chasseur n’était plus à son côté, et que la place avait été remplie par un autre homme, dont la voix, plus douce que celle de son compagnon, ne lui semblait pas frapper son oreille pour la première fois.

« Noble dame, dit cette voix, ne craignez pas de nous la plus légère injure, et acceptez mes services au lieu de ceux de mon écuyer qui est allé en avant avec notre lettre ; ne croyez pas que je veuille tirer avantage de ma position si je vous porte dans mes bras à travers ces ruines où vous ne pourriez pas marcher aisément seule et les yeux bandés. »

En même temps lady Augusta de Berkely se sentit soulevée de terre par les bras vigoureux d’un homme et portée avec la plus grande précaution, ce qui la dispensait des pénibles efforts auxquels il avait d’abord fallu se résigner. Elle était bien honteuse de sa situation ; mais si délicate que cette situation fût, ce n’était pas l’instant de s’abandonner à des plaintes propres à blesser des gens que son intérêt était de se concilier. Elle fit donc de nécessité vertu, et entendit les mots suivants qu’on prononçait tout bas à son oreille :

« Ne craignez rien, on ne vous veut aucun mal ; et sir John de Walton lui-même, s’il vous aime comme vous le méritez, n’aura rien à redouter de notre part. Nous ne lui demandons que de rendre justice à vous-même et à nous. Soyez convaincue que vous assurerez votre propre bonheur en secondant nos vues : elles sont également favorables à vos désirs et à notre délivrance. »

Lady Augusta aurait voulu faire quelque réponse ; mais elle était