Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/155

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sans et des complices qui du moins étaient assez ses amis pour ne pas donner l’alarme. Le cri bien imité du hibou, hôte trop fréquent de cette solitude pour que ce bruit fût un motif de surprise, semblait être un signal généralement compris parmi eux, car on l’entendait dans différentes parties du bois ; et lady Augusta, qui avait acquis l’expérience de ces voyages par ses premières excursions sous la conduite du ménestrel Bertram, put remarquer qu’après avoir entendu ces cris sauvages, son guide changeait la direction de sa course, et prenait des sentiers qui les conduisaient dans des solitudes plus profondes et des buissons plus impénétrables. Cette circonstance arrivait si souvent que de nouvelles alarmes s’emparèrent de l’infortunée pèlerine. N’était-elle pas la confidente, et presque l’instrument de quelque artificieux dessein, combiné sur un vaste plan et se rattachant à une opération dont le but était, comme les efforts de Douglas l’avaient toujours montré, la conquête de son château héréditaire, le massacre de la garnison anglaise, et enfin le déshonneur et la mort de ce sir John de Walton, du destin duquel elle avait long-temps cru ou cherché à croire que le sien dépendait.

Cette idée ne fut pas plus tôt venue à l’esprit de lady Augusta, qu’elle frissonna des conséquences que pouvaient avoir les ténébreuses transactions où elle se trouvait mêlée, et qui paraissaient prendre une tournure si différente de ce qu’elle avait pensé d’abord.

Les heures de la matinée de ce jour remarquable (c’était le dimanche des Rameaux) se passèrent ainsi à errer d’un lieu dans un autre. Lady Berkely suppliait de temps à autre son guide de lui rendre sa liberté, supplications qu’elle tâchait d’exprimer en termes touchants et pathétiques, ou bien elle lui offrait des richesses, des trésors, sans que son étrange compagnon daignât lui faire aucune réponse.

Enfin, comme las de l’importunité de sa captive, le chevalier, se rapprochant du cheval de lady Augusta, dit d’un ton solennel :

« Je ne suis pas, comme vous pouvez bien croire, un de ces chevaliers qui courent les bois et les solitudes, cherchant des aventures par lesquelles je puisse obtenir grâce aux yeux d’une gentille dame ; cependant j’accéderai jusqu’à un certain point à votre pressante requête, et votre sort dépendra d’un homme à qui vous avez déjà voulu confier vos destins. Dès notre arrivée au lieu de notre destination, qui n’est plus éloigné, j’écrirai à sir John de Walton,