Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/86

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trouvions. Quelques unes des troupes qui composaient notre armée en retraite, particulièrement celles de l’arrière-garde, commencèrent à crier : « Les Arabes ! les Arabes ! » et leur marche prit un caractère de précipitation plus prononcé du moment où elles se crurent poursuivies par l’ennemi. Mais la garde varangienne affirma que cette poussière était soulevée par ceux de leurs camarades qui, laissés pour défendre le passage, avaient si vaillamment défendu la position qui leur avait été confiée. Ils appuyèrent leurs opinions de cette observation militaire que le nuage de poussière était plus concentré que s’il eût été soulevé par la cavalerie arabe, et ils crurent même pouvoir affirmer, en raison du coup d’œil exercé qu’ils devaient à leur expérience, que le nombre de leurs camarades avait été fort diminué dans l’action. Quelques cavaliers syriens envoyés pour reconnaître le corps qui approchait, nous rapportèrent des informations de tout point conformes à l’opinion des Varangiens. Le parti de gardes-du-corps avait battu et repoussé les Arabes, et le brave commandant avait tué Jezdegerd ; en nous rendant ce service, le brave Varangien avait reçu une blessure mortelle, ainsi que cette histoire en a déjà fait mention. Ce détachement, diminué de moitié, était en ce moment en marche pour rejoindre l’empereur, avançant aussi vite que l’embarras de transporter les blessés en lieu de sûreté pouvait le permettre.

« L’empereur Alexis, par une de ses brillantes et bienveillantes idées qui caractérisent sa bonté paternelle envers ses soldats, ordonna que toutes les litières, même celle qui était destinée à l’usage de sa personne sacrée, retournassent en arrière pour débarrasser les intrépides Varangiens de la tâche de porter les blessés. Les acclamations de reconnaissance des Varangiens se conçoivent mieux qu’il n’est aisé de les décrire, lorsqu’ils virent l’empereur lui-même descendre de sa litière comme un simple cavalier, et monter son cheval de bataille ; au même moment la personne très sacrée de l’impératrice, de même que l’auteur de cette histoire, et d’autres princesses nées dans la pourpre, montaient sur des mules, afin de suivre la marche, abandonnant sans hésiter leurs litières pour transporter les blessés. C’était, à vrai dire, une marque de sagacité militaire autant que d’humanité ; car le soulagement procuré par là aux porteurs des blessés mit bientôt les Varangiens en état de nous rejoindre.

« C’était une chose déplorable que de voir ces hommes, qui nous avaient quittés dans toute la splendeur que le costume militaire