Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ajoutez, » dit Alexis, qui jusqu’alors avait été plongé dans des réflexions profondes, ou dans un commencement d’assoupissement, « ajoutez ces propres mots : Et par suite de la chaleur de la matinée et de l’anxiété d’une marche si rapide, avec un ennemi nombreux sur ses derrières, l’empereur était si altéré, qu’il lui sembla n’avoir jamais bu dans sa vie un breuvage plus délicieux. »

Pour se conformer aux ordres de son illustre père, la princesse remit le manuscrit à la belle esclave qui l’avait écrit, et lui répéta l’addition qui venait d’être ordonnée, en prescrivant de mentionner que cette addition avait été faite par ordre exprès de la bouche sacrée de l’empereur ; puis la princesse reprit la parole en ces termes : « J’avais ajouté ici quelques phrases sur la liqueur favorite des fidèles Varangiens de Votre Altesse impériale ; mais Votre Altesse l’ayant rendue recommandable par un mot d’approbation, cette ail comme ils l’appellent, sans doute parce qu’elle guérit toutes les maladies qu’ils nomment aliments, devient un sujet trop élevé pour être traité par aucune personne d’un rang inférieur. Qu’il suffise de dire que nous étions tous agréablement occupés : les dames et les esclaves cherchant à amuser les oreilles de l’empereur ; les soldats formant une scène variée sur une longue ligne jusqu’au fond du ravin, les uns se dirigeant isolés vers le ruisseau, les autres montant la garde près des armes de leurs camarades, service dans lequel ils se relevaient les uns les autres, tandis que les divers corps des troupes restées en arrière sous les ordres du protospathaire, et particulièrement ceux qui sont connus sous le nom d’immortels, rejoignaient le principal corps d’armée, à mesure qu’ils arrivaient. Ces soldats, qui étaient déjà épuisés de fatigue, avaient la permission de prendre un court intervalle de repos, après quoi on les envoyait en avant avec ordre de marcher en bon ordre sur la route de Laodicée ; cependant on donna ordre à leur chef de demander à Laodicée, aussitôt qu’il pourrait communiquer avec cette ville, des renforts et des rafraîchissements, sans oublier une provision convenable du vin sacré destiné à la bouche impériale. En conséquence, la légion des immortels et les autres troupes s’étaient remises en marche, et avaient fait quelque chemin, le bon plaisir de l’empereur étant que les Varangiens, auparavant à l’avant-garde, formassent maintenant l’arrière-garde de toute l’armée, pour retirer en sûreté les troupes légères des Syriens, qui occupaient encore le passage bordé de montagnes : tout-à-coup nous entendîmes de l’autre côté du défilé, que nous avions traversé si