Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/77

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d’un pas grave et ferme à travers les défilés des montagnes, serpentant autour des rochers isolés et des précipices, et gravissant les hauteurs moins escarpées, semblables dans leur marche à un grand et majestueux fleuve qui suit un cours sinueux. Pendant ce temps, des troupes détachées de soldats armés d’arcs et de javelines à la manière de l’Orient, se dispersaient sur le penchant des défilés, et pouvaient se comparer à l’écume légère qui se forme sur le bord d’un torrent. Au milieu des escadrons de la garde impériale, on voyait le fier cheval de guerre de l’empereur, trépignant et foulant du pied la terre, comme s’il eût été impatient et indigné qu’on différât le moment désiré où il se sentirait chargé de son auguste fardeau. L’empereur Alexis voyageait dans une litière portée par huit Africains vigoureux, afin qu’il pût sortir de là frais et reposé si l’armée venait à être surprise par l’ennemi. Le vaillant Achille Tatius était à cheval à côté de la litière de son maître, afin qu’aucune de ces idées lumineuses, auxquelles si souvent nous avons dû le succès des batailles, ne fût perdue faute d’avoir été communiquée à ceux dont le devoir est de les exécuter.

« Je ne dois pas oublier de dire que près de la litière de l’empereur il y en avait trois ou quatre autres : l’une préparée pour la Lune au disque d’argent qui éclaire l’univers, ainsi qu’on peut appeler la gracieuse impératrice Irène. Parmi les autres, il y en avait une qui contenait l’auteur de cette histoire, tout indigne de distinction qu’elle puisse être, si ce n’est comme fille des personnes éminentes et sacrées que concerne principalement cette narration. L’armée impériale traversa ainsi les dangereux défilés où elle se trouvait exposée aux insultes des barbares. On les passa heureusement sans opposition. Lorsque nous arrivâmes à l’entrée du passage qui descend à la ville de Laodicée, la sagacité de l’empereur lui suggéra d’ordonner à l’avant-garde qui, composée de soldats pesamment armés, avait cependant jusqu’alors avancé avec une extrême rapidité, de faire halte, autant pour qu’elle pût prendre elle-même quelque repos et se rafraîchir, que pour donner aux troupes qui suivaient le temps de rejoindre et de fermer différents vides que la célérité de ceux qui marchaient en tête avait occasionnés dans la colonne.

« Le lieu choisi à cet effet offrait un coup d’œil d’une rare beauté par le sillonnement peu élevé, et en quelque sorte presque imperceptible, des monticules dont la pente irrégulière allait se perdre dans la plaine qui s’étend entre le passage que nous occupions et