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« Ce rayon d’espérance n’eut pas plus tôt brillé sur l’esprit troublé de notre gracieux souverain, qu’il prit toutes les mesures nécessaires pour pouvoir profiter de la chance favorable qui se présentait. Sa Majesté impériale ne voulut pas permettre aux braves Varangiens, qu’il regardait comme la fleur de son armée, de se placer en cette circonstance au premier rang. Il réprima l’ardeur belliqueuse qui de tout temps a distingué ces généreux étrangers, et il ordonna que les troupes syriennes, dont il a déjà été question, s’assemblassent en silence dans le voisinage du défilé que l’ennemi avait abandonné, et qu’elles fissent tous leurs efforts pour s’en emparer. Le génie protecteur de l’empire lui suggéra que, comme les Syriens ressemblaient à l’ennemi par le langage, les armes et l’extérieur, on laisserait sans opposition ces troupes légèrement armées prendre position dans ce défilé, et y assurer ainsi le passage du reste de l’armée, dont il proposa que les Varangiens, spécialement attachés à sa personne sacrée, formassent l’avant-garde. Les bataillons célèbres surnommés les immortels marchaient ensuite, comprenant le gros de l’armée, et formant le centre de l’arrière-garde. Achille Tatius, le fidèle Acolouthos de son maître impérial, mortifié de ce qu’il ne lui était pas permis de commander l’arrière-garde, où il avait demandé d’être placé avec ses valeureuses troupes, comme étant alors le poste le plus dangereux de l’armée, se soumit néanmoins avec respect à la décision de l’empereur, comme étant la plus propre à assurer le salut impérial et le salut de l’armée.

« Les ordres de Sa Majesté furent donnés sur-le-champ et exécutés aussitôt avec une ponctualité d’autant plus rigoureuse qu’ils tendaient à la réussite d’un plan de retraite, dont les soldats même les plus expérimentés avaient presque désespéré. Dans ces heures de la nuit pendant lesquelles, comme dit le divin Homère, les dieux et les hommes paraissent également endormis, il se trouva que la vigilance et la prudence d’un seul individu pourvurent à la sûreté de toute l’armée romaine. Les premiers rayons de l’aurore éclairaient à peine le sommet des montagnes qui bordent le défilé, qu’on les vit se réfléchir dans les casques d’acier et les piques des Syriens commandés par un capitaine nommé Monastras, qui, ainsi que sa tribu, s’était attaché à l’empire. L’empereur, à la tête de ses fidèles Varangiens, traversa le défilé afin de prendre sur la route de Laodicée assez d’avance pour éviter toute rencontre avec les barbares.

« C’était un beau spectacle que celui de cette masse sévère de guerriers du Nord qui formaient l’avant-garde de l’armée, marchant