Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/45

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« Par Hercule ! s’écria-t-il, c’est Hector poursuivi par Achille autour des murs d’Ilion ; mais notre Pélides aura peine à atteindre le fils de Priam. Hé ! hé ! fils d’une déesse ! fils de Thétis aux pieds blancs ! mais cette allusion est perdue pour ce pauvre sauvage. Holà ! Hereward ! arrête donc, m’entends-tu ? entends-tu au moins ton nom barbare ? » Ces derniers mots cependant furent prononcés à demi-voix ; puis il ajouta plus haut : « Ne t’essouffle pas, bon Hereward, tu peux avoir besoin de ton haleine plus d’une fois cette nuit, peut-être. — Si c’eût été la volonté de mon chef, » répondit le Varangien en revenant sur ses pas d’un air de mauvaise humeur, et respirant bruyamment comme un homme fatigué de sa course, « je l’aurais poursuivi d’aussi près que jamais lévrier poursuivit un lièvre avant de renoncer à la chasse ; sans cette folle armure qui embarrasse un homme sans le défendre, en deux bonds je l’aurais pris à la gorge. — C’est assez comme cela, » dit l’officier qui était réellement l’Acolouthos ou Suivant, appelé ainsi parce que le devoir du chef des Varangiens était de suivre constamment la personne de l’empereur. « Mais voyons par quel moyen nous rentrerons dans la ville ; car si, comme je le soupçonne, c’est un des gardes de la porte qui a voulu te jouer un tour, ses compagnons seront probablement peu disposés à nous laisser rentrer. — Dans ce cas, répondit le Varangien, n’est-ce pas le devoir de Votre Valeur de punir ce manque de discipline ? — Tais-toi, sauvage à l’esprit simple, je t’ai souvent dit, très ignorant Hereward, que les crânes qui viennent de votre froide et humide Béotie du Nord sont plus propres à recevoir vingt coups de marteau d’enclume, qu’à produire une idée spirituelle ou ingénieuse. Mais suis-moi, et bien que je sache que montrer les fils déliés de la politique grecque à l’œil stupide d’un barbare incivilisé comme toi, ce serait jeter des perles devant un pourceau (chose défendue par le saint Évangile), cependant tu as un cœur si bon, si fidèle, qu’il serait difficile peut-être d’en trouver un semblable, même parmi mes Varangiens : je tâcherai donc, tandis que tu me suis, de t’endoctriner sur quelques points de cette politique. Je m’efforcerai de t’instruire, moi, le chef des Varangiens, moi qui suis élevé par leur bravoure au rang du plus brave des braves, moi qui daigne me laisser guider, quoique je possède les qualités propres à me diriger seul à travers les coulants capricieux de la cour, et à voguer avec succès, à force de voiles et de rames. Ainsi tu vois que c’est une condescendance à moi de recourir à la politique pour faire ce que nul autre de cette