Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/373

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service du plus généreux et du meilleur des souverains, ou, avec sa permission, de l’employer à me préparer, par des exercices de dévotion, à une immortalité sans bornes qui doit s’écouler dans la société des saints et des anges. Quelque choix que je fasse, je compte que vous, mes chers concitoyens, qui vous êtes si obligeamment souvenus de moi pendant mes jours de ténèbres et de captivité, vous ne manquerez pas de vous souvenir de moi dans vos prières. »

Cette apparition soudaine d’Ursel, depuis si long-temps perdu, avait quelque chose de trop étrange et de trop surprenant pour ne pas captiver la multitude ; elle scella donc sa réconciliation avec l’empereur par trois acclamations si terribles, que l’air, dit-on, en fut ébranlé, et que des oiseaux, incapables de s’y soutenir, tombèrent dans la lice.


CHAPITRE XXXIII.

SUITE.


« Quoi ! passer le combat ? s’écria le chevalier. — Oui ! sinon il nous faut renoncer au Stagyrite. — La salle ne contiendra jamais une pareille multitude. — Alors bâtissez-en une autre, ou jouez en plein vent. »
Pope.


Le bruit des joyeuses acclamations s’était répandu jusqu’aux rives éloignées du Bosphore, à travers les montagnes et les forêts, et avait enfin expiré dans les échos lointains. Les spectateurs, pendant le silence qui suivit, paraissaient se demander les uns aux autres quelle scène allait orner une pause si solennelle et un théâtre si auguste. Le silence aurait probablement été bientôt interrompu par de nouvelles clameurs, car une multitude assemblée n’importe pour quel motif, reste rarement silencieuse long-temps si un signal de la trompette des Varangiens n’eût fourni une nouvelle matière à l’attention. Les accents de cette trompette avaient quelque chose d’animé, et pourtant de mélancolique, offrant tout à la fois le caractère d’un air guerrier et le son lugubre qu’on pourrait choisir pour une exécution d’une solennité particulière. Ces accents étaient hauts, bruyants, sonores et prolongés, comme si la voix du bronze était produite par quelque chose de plus terrible que le souffle des poumons d’un simple mortel.