Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/341

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tandis que demain, si vous vous repentiez de votre indifférence, il se pourrait que vos plus vives instances ne fissent point ajouter la moindre chose aux conditions que vous venez d’établir. — Soit ; alors, j’en stipulerai une autre, mais qui n’a de rapport qu’avec ce jour même. Je vais supplier Sa Majesté impériale avec toute humilité de m’épargner la peine de conclure un traité entre elle et moi, et de se contenter de l’assurance solennelle que je suis très disposé à faire dans son intérêt tout ce qu’il lui plaira de me commander, tandis que, pour moi, je désire seulement pour mon avenir l’exécution des conditions modérées dont je viens de vous entretenir tout à l’heure. — Mais pourquoi craindriez-vous d’annoncer vous-même à l’empereur que vous consentez à un arrangement qui ne peut paraître qu’extrêmement modeste de votre part ? Vraiment, j’ai peur que l’empereur n’insiste pour avoir une courte entrevue avec vous. — Je ne suis pas honteux d’avouer la vérité. Il est vrai que j’ai ou que je crois avoir renoncé à ce que l’Écriture appelle l’orgueil de la vie ; mais le vieil Adam vit toujours en dedans de nous, et reste dans une opposition perpétuelle avec la meilleure partie de notre nature ; il est facile de l’éveiller, mais il n’est pas moins difficile de le forcer à se rendormir. Tandis que, la nuit dernière, je ne comprenais qu’à peine que mon ennemi était en ma présence, et que mes facultés ne faisaient qu’à demi leur devoir en me rappelant des accents trompeurs et détestés, mon cœur ne palpitait-il pas dans mon sein avec toute l’agitation d’un oiseau qu’on vient de saisir ? Faut-il que je traite en personne avec un homme qui (soit sa conduite générale ce qu’elle pourra !) a été sans provocation de ma part la cause de ma misère sans égale ? Douban, non ! Écouter encore sa voix, ce serait donner l’alarme à toutes les passions violentes et vindicatives de mon cœur ; et quoique je prenne le ciel à témoin de la pureté de mes intentions à son égard, néanmoins il m’est impossible d’écouter ses protestations sans qu’il y ait péril pour lui ou pour moi. — Si tels sont vos sentiments, je me bornerai à lui redire votre condition ; mais il faudra que vous juriez vous-même de l’observer strictement : sinon il serait difficile et peut être impossible de conclure la ligue que vous désirez tous les deux. — Amen ! Et comme mes intentions sont pures, comme je suis résolu à n’en pas changer, puisse le ciel me garder de l’influence d’une vieille rancune, d’un ancien ressentiment ou d’une nouvelle querelle ! »

On entendit alors frapper avec autorité à la porte de la chambre à coucher, et Ursel, délivré par des sensations plus puissantes