Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/275

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Dracon, ne seraient pas écrites avec de l’encre, mais avec du sang… Écoutez-moi, maintenant, dit-il à haute voix, « ma femme, ma fille, et toi, mon cher Édouard, et vous apprendrez, mais vous trois seulement, la manière dont je suis décidé à conduire le vaisseau de l’État au milieu de ces écueils.

« Voyons d’abord distinctement, continua Alexis, les moyens par lesquels ils se proposent d’agir, et ils nous apprendront comment nous pourrons nous y opposer. Un certain nombre de Varangiens sont malheureusement séduits, sous prétexte d’injustices habilement mises en avant par leur infâme général. Une partie d’entre eux doivent être postés près de notre personne… Quelques uns supposent que le traître Ursel est mort ; mais quand il en serait ainsi, son nom suffit pour réunir ses anciens complices… J’ai le moyen de les satisfaire sur ce point, mais je n’en parlerai pas pour le moment… Un corps considérable des gardes immortelles s’est aussi laissé séduire, et doit être placé de manière à secourir la poignée de traîtres Varangiens qui ont formé le complot pour attaquer ma personne… Or, un changement dans les postes qu’occupent les divers corps, que toi-même, mon fidèle Édouard, ou… ou bien… mais n’importe ton nom, que toi, dis-je, tu aurais plein pouvoir de faire, dérangera les plans des conspirateurs, et placera les soldats fidèles autour d’eux, en position de les tailler en pièces s’il le faut. — Et le combat, sire ? dit le Saxon. — Tu ne serais pas un vrai Varangien si tu ne m’avais adressé cette question, » dit l’empereur d’un air de bonne humeur. « Le combat, c’est le césar qui en a eu l’idée, et j’aurai soin qu’il en subisse toutes les conséquences dangereuses. Il ne peut, sans déshonneur, refuser de se mesurer avec cette femme, quelque étrange que cela puisse être. Et quelle qu’en soit l’issue, la conspiration éclatera, et comme assurément ce sera contre des personnes bien préparées et armées, elle sera étouffée dans le sang des conspirateurs ! — Ma vengeance n’exige pas ce duel, dit la princesse, et votre honneur impérial est intéressé aussi à ce que cette comtesse soit protégée. — Ceci ne me regarde pas, répliqua l’empereur. Elle est venue ici avec son époux sans y être invitée ; il s’est conduit insolemment en ma présence, et il mérite tout ce qui peut résulter pour lui et pour sa femme de leur folle entreprise. À vrai dire, je ne désirais guère que l’effrayer avec ces animaux que son ignorance croyait enchantés, et alarmer un peu son épouse par l’impétuosité d’un amant grec, et ma vengeance se serait bornée là. — Et ç’aurait été une bien misérable vengeance !