Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/273

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honnête soldat m’a communiqué des renseignements qui s’accordent avec mes propres remarques particulières. Il sera le Varangien des Varangiens ; il sera nommé Acolouthos en place du traître ; et qui sait ce que nous pourrons encore faire pour lui ? — S’il plaît à Votre Majesté, » dit le Varangien qui avait jusque-là gardé le silence, « bien des gens dans cet empire parviennent aux dignités par la chute de leurs anciens patrons, mais c’est un moyen que je ne puis concilier avec ma conscience. D’ailleurs je viens de retrouver une personne qui m’est chère, et dont j’étais séparé depuis longtemps : c’est pourquoi je compte demander avant peu à Votre Majesté qu’elle me permette de quitter ce pays où je laisserai des milliers d’ennemis, et d’aller vivre, comme beaucoup de mes compatriotes, sous la bannière du roi Guillaume d’Écosse… — Toi, me quitter, homme sans pareil ! » s’écria l’empereur avec emphase ; « et où trouverai-je un soldat, un défenseur, un ami si fidèle ? — — Noble prince, répliqua l’Anglo-Saxon, je suis très sensible à votre bonté et à votre magnificence ; mais souffrez que je vous prie de m’appeler par mon propre nom, et de ne me promettre rien autre chose que votre pardon pour avoir été cause d’une telle révolution parmi les serviteurs de Votre Majesté. Non seulement il me sera pénible de voir le destin qui menace Achille Tatius, mon bienfaiteur, le césar qui, je crois, me voulait du bien, et même Agelastès, et d’avoir à me dire que j’y aurai contribué ; mais encore j’ai remarqué qu’il arrivait souvent que ceux à qui Votre Majesté impériale avait prodigué la veille les expressions les plus manifestes de sa faveur étaient le lendemain condamnés à servir de pâture aux corneilles et aux corbeaux ; et, je l’avoue, c’est une fin pour laquelle je ne voudrais pas qu’on pût dire que j’ai apporté mes membres anglais sur les côtes de la Grèce. — T’appeler par ton propre nom, mon Édouard ! » dit l’empereur, et il se dit à voix basse : Par le ciel ! j’ai encore oublié le nom de ce barbare !… « Oui, je t’appellerai certainement par ton nom pour le présent, et jusqu’à ce que j’en puisse trouver un plus digne de la confiance que je mets en toi. En attendant, jette un coup d’œil sur ce parchemin, qui contient, je pense, tous les renseignements que nous avons pu recueillir sur ce complot, et passe-le à ces femmes incrédules qui ne croiront pas qu’un empereur puisse être en danger, avant que les poignards des conspirateurs frappent sur ses côtes. »

Hereward fit ce qu’on lui demandait, et, après avoir examiné le parchemin, dont il indiqua en baissant la tête qu’il approuvait le