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poussait aux grandes choses, où la gloire était la seule récompense qu’ambitionnât l’historien ou le poète, le peintre ou le statuaire. Le despotisme du gouvernement impérial avait déjà entièrement détruit depuis long-temps cet esprit de patriotisme qui respire dans toute l’histoire de la république romaine, et il ne restait plus alors que des souvenirs trop faibles pour exciter dans l’âme une noble émulation.

En un mot, si Constantin, pour faire de sa fondation une ville régénérée, voulut y transplanter les principes vivifiants de l’antique Rome qui s’écroulait alors, cela ne lui fut plus possible. Constantinople ne pouvait plus emprunter à Rome l’éclat que Rome ne pouvait plus lui prêter ; cette brillante étincelle de vie était perdue pour jamais.

Une circonstance d’une haute importance avait produit tout-à-coup la révolution la plus complète et la plus avantageuse à la capitale de Constantin. Le monde était devenu chrétien, et les dogmes du paganisme avaient disparu, ainsi que ses honteuses superstitions. Il n’y a aucun doute que les plus heureux résultats furent la conséquence naturelle d’une croyance plus pure, qui enchaîna les passions et améliora les mœurs des peuples. Mais si, d’un côté, la plupart des nouveaux chrétiens accueillaient avec ardeur les dogmes d’une foi belle et pure, plusieurs, dans l’arrogance de leur orgueil, osaient donner à l’Écriture l’interprétation qu’ils voulaient ; d’autres faisaient de la religion un moyen de parvenir à la puissance temporelle. Ainsi il arriva que ce changement de religion, quoique produisant de grands avantages, et quoique en promettant de plus grands encore, n’eut pas, dans tout le cours du quatrième siècle, cette influence prédominante que les hommes avaient eu lieu d’attendre.

La splendeur empruntée dont Constantin revêtit sa capitale était empreinte des signes d’une fin prématurée. Le fondateur, en s’emparant des statues, des tableaux, des obélisques et de tous les chefs-d’œuvre de l’ancienne ville, prouva par ce fait son insuffisance à faire éclore des œuvres de génie ; et lorsque le monde entier et particulièrement Rome furent pillés pour orner Constantinople, l’empereur put être comparé à un jeune prodigue qui dépouille une mère vénérable des ornements de sa jeunesse, afin d’en parer une brillante maîtresse sur le front de laquelle ils seront déplacés.

Lorsqu’en 324 Constantinople, sortant du sein de l’humble By-