Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/233

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le temps viendra, et même le temps approche où l’attention de l’empereur se portera infailliblement sur la conduite de cet homme ; et alors que le philosophe se conduise sagement, ou sinon, par saint Dunstan ! le barbare pourra lui faire un mauvais parti ! Je voudrais seulement sauver de ses griffes un ami insensé qui a prêté l’oreille à ses déceptions. — Mais qu’ai-je à faire avec cet homme ou avec ses complices ? — Beaucoup, quoique vous l’ignoriez encore. Le principal complice de la conspiration n’est autre que le césar, qui devrait être le plus fidèle des hommes ; mais, depuis que Comnène a nommé un Sébasto-crator, officier plus élevé en dignité et plus près du trône que le césar lui-même, Nicéphore Brienne a toujours été mécontent et irrité, quoiqu’il soit difficile de dire depuis combien de temps il participe aux projets de l’astucieux Agelastès. Je sais que ce dernier a libéralement entretenu, pendant plusieurs mois comme ses richesses le mettent à même de le faire, les vices et la prodigalité du césar. Il l’a excité à se montrer dédaigneux avec sa femme, la fille de l’empereur ; il a mis de la mésintelligence entre lui et la famille royale ; et si Brienne ne jouit plus de la réputation d’un homme raisonnable, ni de la renommée d’un bon capitaine, il s’est privé de l’une et de l’autre en suivant les avis de cet adroit sycophante. — Et qu’est-ce que me fait tout cela ? Agelastès peut être à son gré un homme loyal ou un vil esclave qui flatte par une basse complaisance le pouvoir du moment ; son maître, Alexis Comnène, ne m’est pas tellement allié, à moi ni aux miens, que je doive me mêler aux intrigues de sa cour. — Il se peut que vous soyez dans l’erreur ; si ces intrigues compromettent le bonheur et la vertu de… — Mort de cent martyrs ! de pitoyables intrigues et des querelles d’esclaves peuvent-elles autoriser à concevoir le moindre soupçon contre la noble comtesse de Paris ? Les serments de toute ta génération ne réussiraient pas à prouver qu’un seul de ses cheveux a changé sa couleur contre celle de l’argent ! — Bien imaginé vraiment ! noble chevalier ; tu es un excellent mari pour cette atmosphère de Constantinople, qui demande peu de vigilance et une foi robuste. Tu trouveras bien des partisans et des camarades dans notre cour. — Écoute-moi, l’ami, ne parlons plus, et même ne continuons de faire route ensemble que jusqu’au coin le plus solitaire de cette immense cité ; là nous reprendrons la besogne que nous avons commencée il y a si peu de temps. — Quand même tu serais duc, sire comte, tu ne pourrais pas inviter au combat un homme qui y serait plus disposé. Cependant, considère la bagatelle