Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péril de ta vie, à moins qu’il n’ait le signal. Il serait dangereux de la laisser ouverte à cette heure du jour. »

L’obséquieux Diogène porta la main à son sabre et à sa tête, comme pour faire entendre la promesse d’être fidèle ou de mourir, par laquelle ses pareils répondaient toujours aux ordres de leurs maîtres. Diogène alluma ensuite une petite lanterne, et tirant une clef, ouvrit une porte intérieure et se disposa à passer devant.

« Halte là, l’ami Diogène, dit le césar, tu n’as pas besoin de ta lanterne pour trouver un honnête homme ; et si c’est là ce que tu cherches, je suis forcé de te dire que tu t’adresses mal en ce lieu. Relève ces arbustes rampants devant l’entrée des jardins, et demeure ici jusqu’à notre retour, comme on te l’a déjà dit, pour t’opposer à la curiosité de quiconque pourrait être attiré par la vue du passage secret. »

L’esclave noir se retira en donnant la lampe au césar, et Agelastès suivit la lumière à travers un long et étroit passage voûté, où l’on avait eu le soin de laisser pénétrer l’air de distance en distance, et qui n’était pas aussi négligé à l’intérieur que son extérieur eût pu le faire supposer.

« Je n’entrerai point avec vous dans les jardins, dit Agelastès, ou dans les bosquets de Cythère ; je suis trop vieux pour être un de ses adorateurs. Toi-même, je pense, impérial césar, tu en connais parfaitement la route, l’ayant parcourue plusieurs fois, et, si je ne me trompe, pour les plus beaux motifs. — Je n’en ai que plus de remercîments à faire à mon excellent Agelastès, qui oublie son âge pour rendre service à ses amis. »


CHAPITRE XVIII.

LE PAVILLON.


Il nous faut maintenant revenir aux cachots de Blaquernal, où un concours de circonstances avait occasionné la réunion momentanée du vigoureux Varangien et du comte Robert de Paris, qui par leurs caractères avaient entre eux une ressemblance plus forte que l’un ou l’autre n’aurait été disposé à l’admettre. Les qualités du Varangien étaient toutes naturelles et simples. C’étaient les vertus d’un homme courageux qui ne connaît point la crainte, et qui toute sa vie a recherché tous les périls avec empressement. Le comte avait cette même bravoure, cette générosité, cet amour des