CHAPITRE PREMIER.
LA PORTE D’OR.
Les observateurs assidus de la végétation ont remarqué que toute greffe prise sur un arbre âgé ne possède qu’en apparence la forme d’un jeune bourgeon, et qu’en réalité elle est déjà parvenue à l’état de maturité et même de vieillesse où était l’arbre dont elle est provenue. De là, dit-on, la langueur et la mort, qui, dans la même saison, frappent souvent certaines espèces d’arbres qui, ayant tiré leur puissance végétale d’un arbre déjà vieux, sont par conséquent incapables de prolonger leur existence plus long-temps que celle de la tige primitive.
De même les puissants de la terre ont souvent fait de vains efforts pour transplanter tout-à-coup de grandes cités, de vastes états tombés en ruines. Ainsi, on a élevé telle ville nouvelle dans l’espérance de faire revivre la prospérité, la dignité, la magnificence et l’étendue d’une ville plus ancienne, et de recommencer, à dater de l’époque de cette fondation, une nouvelle succession de siècles aussi longue, aussi glorieuse que celle qui vient de s’accomplir. Ainsi, tel fondateur s’est bercé de l’espoir enivrant de voir sa jeune capi-