Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vitation faite avec autant de grâce ; mais le soleil a baissé considérablement sans que nous nous en aperçussions, et il faut que nous retournions à la ville. — N’ayez aucune crainte, reprit la belle historienne ; vous aurez notre escorte impériale pour vous protéger pendant votre retour. — Crainte !… escorte !… protéger !… ce sont là des mots que je ne connais point. Sachez, madame, que mon époux, le noble comte de Paris, est l’escorte qui me suffit ; et quand même il ne serait pas avec moi, Brenhilda d’Aspremont ne craint rien et peut se défendre elle-même. — Ma noble fille, dit alors Agelastès, s’il m’est permis de parler, vous vous méprenez sur les gracieuses intentions de la princesse, qui s’exprime comme si elle parlait à une dame de son pays. Ce qu’elle désire, c’est d’apprendre de vous quelques unes des coutumes et des usages remarquables des Francs, dont vous nous offrez un si charmant exemple. En retour de ces renseignements, l’illustre princesse serait charmée de vous introduire au milieu de ces vastes collections, où des animaux de tous les coins du monde habitable ont été réunis par les ordres de notre empereur Alexis pour satisfaire la science de ces sages à qui toute la création est connue. Vous verrez depuis le daim, qui est d’une taille si petite qu’elle est surpassée par celle d’un rat ordinaire, jusqu’à cet énorme et singulier habitant de l’Afrique, qui peut brouter sur le sommet des arbres qui ont quarante pieds de haut, tandis que la longueur de ses jambes de derrière n’atteint pas à la moitié de cette étonnante hauteur. — En voilà assez, » dit la comtesse avec quelque vivacité. Mais Agelastès avait trouvé un point de discussion qui lui convenait.

« Il y a aussi, continua-t-il, cet énorme lézard, qui, ressemblant pour la forme aux habitants inoffensifs des marécages des autres pays, se trouve être en Égypte un monstre de trente pieds de long, revêtu d’écaillés impénétrables, et poussant des gémissements sur sa proie lorsqu’il la saisit, dans l’espoir d’attirer d’autres victimes dans son dangereux voisinage en imitant les lamentations humaines. — N’en dites pas davantage, mon père !… s’écria la comtesse. Mon Robert, nous irons dans le lieu où l’on voit de semblables objets, n’est-il pas vrai ? — Il y a encore, reprit Agelastès, qui vit qu’il atteindrait son but en s’adressant à la curiosité des étrangers, « l’énorme animal qui porte sur son dos un vêtement invulnérable, et qui a sur le mufle une corne et quelquefois deux ; dont les plis de la peau sont de la plus forte épaisseur, et que jamais chevalier n’a pu blesser. — Nous irons… Robert, n’est-il pas vrai ? répéta Brenhilda. — Oui, répliqua le