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les périls ; mais ces sons inspirent le respect et non la crainte. Ils me disent que des membres de la famille impériale vont devenir mes hôtes. Cependant ne craignez rien, mes nobles amis… ceux dont le regard est la vie sont prêts à répandre avec profusion leurs faveurs sur des étrangers aussi dignes d’honneur que ceux qu’ils trouveront ici. Néanmoins mon front doit toucher le seuil de ma porte pour les recevoir d’une manière convenable. » En parlant ainsi il se rendit en toute hâte à la porte extérieure du bâtiment.

« Chaque pays a ses coutumes, » dit le comte en suivant son hôte, et en prenant sous son bras le bras de son épouse ; « mais, Brenhilda, elles sont si différentes, qu’il n’est pas étonnant que chaque peuple trouve bizarres les usages des autres. Ici, cependant, par déférence pour mon hôte, je baisserai mon cimier de la manière qui semble être exigée. » À ces mots il suivit Agelastès dans l’antichambre, où une nouvelle scène les attendait.


CHAPITRE XIII.

LA COMTESSE BRENHILDA.


Agelastès atteignit le seuil de sa porte avant le comte de Paris et son épouse. Il eut donc le temps de se prosterner devant un énorme animal alors inconnu aux régions occidentales, mais bien connu aujourd’hui sous le nom d’éléphant. Sur son dos était un pavillon ou palanquin, dans lequel étaient renfermées les augustes personnes de l’impératrice Irène et de sa fille Anne Comnène. Nicéphore Brienne accompagnait les princesses à la tête d’un beau détachement de cavalerie légère, dont les armures brillantes auraient causé plus de plaisir aux croisés si elles avaient moins eu l’air d’une richesse inutile et d’une magnificence efféminée. Mais l’effet qu’elles produisaient au premier coup d’œil était aussi beau qu’on peut se l’imaginer. Les officiers seuls de cette garde suivirent Nicéphore jusque sur la plate-forme ; ils se prosternèrent tandis que les princesses de la maison impériale descendaient de leur palanquin, et se relevèrent sous un nuage de panaches flottants et de lances étincelantes, lorsqu’elles furent à l’abri des regards sur la plate-forme en face du bâtiment. Là, la taille majestueuse de l’impératrice, quoique déjà avancée en âge, et les formes gracieuses de la belle historienne, se montrèrent avec avantage. Sur le devant d’une pro-