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CHAPITRE XI.

LE KIOSQUE.


En dehors, des ruines, des débris, des décombres ; en dedans, c’était un petit paradis, où le goût avait établi sa demeure. La sculpture, le premier né des arts humains, avait répandu partout ses ouvrages, et forçait les hommes de regarder et d’adorer.
Anonyme.


Le comte de Paris et son épouse suivaient le vieillard. L’âge avancé d’Agelastès, la perfection avec laquelle il parlait la langue française, et surtout la manière heureuse dont il s’en servait pour traiter les sujets romanesques qui composaient alors ce que l’on appelait histoire et belles-lettres, lui attirèrent de nombreux applaudissements de la part de ses nobles auditeurs ; c’était un genre d’éloges que le sage Grec n’avait pas souvent considéré comme lui étant dû ; et le comte ainsi que son épouse n’en avaient pas souvent exprimé de pareils.

Ils suivirent quelque temps un sentier, qui tantôt semblait se cacher dans les bois, descendait jusqu’à la côte de la Propontide, et tantôt abandonnait le couvert des arbres pour suivre les bords nus du détroit ; à chaque détour il paraissait guidé par le désir de faire un choix et des contrastes de beautés. C’était une variété de scènes, de mœurs qui, par leur nouveauté, doublaient, pour les deux pèlerins, les charmes du paysage. Sur les rives de la mer, on voyait des nymphes danser, et des bergers jouer de la flûte ou battre du tambourin en cadence, comme on les représente dans quelques groupes d’ancienne sculpture. Les personnages même avaient une singulière ressemblance avec l’antique. Voyait-on des vieillards, leurs longues robes, leurs attitudes, leurs têtes magnifiques faisaient naître l’idée des prophètes et des saints, tandis que les traits des jeunes gens rappelaient les physionomies expressives des héros de l’antiquité et des aimables femmes qui inspiraient leurs exploits.

Mais on ne retrouvait point partout la race des Grecs sans mélange et dans toute sa pureté : on rencontrait souvent des groupes de personnes dont les visages trahissaient une origine différente.

Dans un enfoncement du rivage, que traversait le sentier, les rocs s’écartant du bord de la mer venaient, pour ainsi dire, enclore une grande plaine de sable. Les voyageurs aperçurent en cet en-