presque imperceptible, à travers de longues herbes sauvages, et, tournant autour d’un autel à moitié démoli, qui offrait les restes d’Apis, divinité bovine, il se trouva tout-à-coup en face du philosophe Agelastès qui, assis au milieu des ruines, reposait ses membres sur l’herbe.
CHAPITRE VIII.
LE SOPHISTE.
Le vieillard se leva vivement de terre, à l’approche d’Hereward. « Mon intrépide Varangien, dit-il, toi qui estimes les hommes et les choses, non d’après la fausse appréciation qu’on en fait dans ce monde, mais par leur importance réelle et leur valeur positive, sois le bienvenu dans un lieu où l’on considère comme le plus bel attribut de la philosophie, de dépouiller l’homme de ses ornements empruntés et de le réduire à la juste valeur de ses qualités propres, physiques et morales, considérées isolément. — Vous êtes courtisan, seigneur, dit le Saxon ; admis à vous présenter chez Son Altesse impériale, vous devez reconnaître qu’il y a vingt fois plus de cérémonies pour régler les devoirs des divers rangs de la société, qu’un homme comme moi n’en peut retenir ; et, en vérité, on pourrait bien m’exempter de me présenter devant une compagnie trop supérieure à moi, et dans un lieu où je ne saurai pas comment me comporter. — Cela est vrai, dit le philosophe ; seulement, un homme comme vous, noble Hereward, mérite plus de considération aux yeux d’un vrai philosophe, qu’un millier de ces véritables insectes, que le sourire d’une cour appelle à la vie, et qu’une disgrâce anéantit. — Vous êtes vous-même, seigneur philosophe, un habitué de la cour, dit Hereward. — Et un habitué très fort sur le cérémonial, dit Agelastès. Il n’y a point, je suis sûr, un sujet dans l’empire qui connaisse mieux les dix mille vétilles qu’on exige des individus de différents rangs, et pratiquées à l’égard des différentes autorités. Il est encore à naître l’homme qui m’aura vu choisir une posture plus commode que celle de me tenir debout en présence de la famille royale. Mais, quoique je me serve de ces faus-