Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/118

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au pape, et pour mettre fin au schisme grec en lui imposant la forme latine de la croix.

Les Varangiens se donnaient le plaisir de faire une variante à ces étranges nouvelles, assaisonnée de quelques particularités appropriées aux préjugés des auditeurs. Cette version s’était formée d’abord de ce que notre ami Hereward, qui était un de leurs officiers subalternes appelés sergents ou constables, avait laissé transpirer des choses qu’il avait entendues la nuit précédente. Considérant que le fait serait bientôt de notoriété publique, il avait révélé à ses camarades qu’une armée normande s’approchait sous les ordres du duc Robert, fils du fameux Guillaume le Conquérant, et avec des intentions hostiles, dirigées contre eux en particulier, à ce que pensait Hereward. Les Varangiens, comme tous les autres, adoptèrent l’explication qui s’appliquait à leur position. Ces Normands, qui haïssaient les Saxons et qui avaient tout fait pour les déshonorer et les opprimer, les poursuivaient maintenant jusque dans la capitale étrangère où ils avaient trouvé un refuge, dans le dessein de faire la guerre au prince généreux qui protégeait leurs tristes restes. Ainsi pensaient les Varangiens ; dans cette croyance, plus d’un terrible serment fut prononcé en norse et en anglo-saxon, « que leurs haches d’armes affilées vengeraient le carnage d’Hastings ; » et plus d’un toast fut porté avec le vin et avec l’ale à celui « qui ressentirait le plus profondément et vengerait le plus efficacement les mauvais traitements que les Anglo-Saxons avaient reçus de la main de leurs oppresseurs. »

Hereward commença bientôt à se repentir d’avoir laissé échapper cette nouvelle, tant il était poursuivi par les questions multipliées que lui faisaient ses camarades au sujet de son authenticité ; car il se croyait obligé de cacher les aventures de la nuit précédente, et le lieu où il avait été informé de ce fait.

Vers midi, au moment où il se sentait on ne peut plus fatigué de faire les mêmes réponses aux mêmes questions, et d’en éluder d’autres semblables qu’on lui renouvelait à chaque instant, le son des trompettes annonça la présence de l’Acolouthos Achille Tatius qui, se disait-on tout bas, arrivait à l’instant de l’intérieur sacré, avec la nouvelle de l’approche immédiate de la guerre.

L’Acolouthos leur apprit que les Varangiens et les cohortes romaines appelées les immortels, devaient former un camp sous les murs de la ville afin d’être prêts à la défendre au premier signal. Cette nouvelle mit toutes les casernes en mouvement, chacun faisant les pré-