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CHAPITRE VII.

LE CONSEIL.


On ne vit point réunies des forces suffisantes, ni un si vaste camp, lorsque Agrican, avec toutes les puissances du Nord, assiégea Albraca, comme nous le voyons dans les romans, la ville de Gallaphron, pour en ramener la plus belle de son sexe, Angélique, sa fille, recherchée par plusieurs preux chevaliers païens ou pairs de Charlemagne.
Le Paradis regagné.


De grand matin, le jour qui suivit celui dont nous avons rappelé le souvenir, le conseil impérial fut assemblé. Là le grand nombre d’officiers généraux, revêtus de titres ambitieux, déguisait, sous un voile bien transparent, la faiblesse de l’empire grec. Les chefs étaient nombreux et les distinctions de leur rang minutieuses, mais les soldats étaient rares.

Les charges, autrefois remplies par des préfets, des préteurs et des questeurs, étaient alors occupées par des personnes graduellement élevées jusque-là, et qui, devant leurs titres aux services domestiques rendus à l’empereur, malgré cette circonstance, ou plutôt à cause même de cette circonstance, possédaient la véritable source du crédit dans cette cour despotique. Une longue suite d’officiers entra dans la grande salle du château de Blaquernal, et chacun d’eux avança aussi loin que son grade le lui permettait ; à chaque antichambre que ces dignitaires traversaient, ils laissaient en arrière ceux à qui le rang ne donnait pas le privilège d’aller plus avant. De cette sorte, quand ils atteignirent la salle d’audience (ce qu’ils ne tirent qu’après avoir traversé dix antichambres), ils ne se trouvèrent que cinq en présence de l’empereur, dans cette profonde et très sacrée retraite de la royauté, retraite décorée avec toute la splendeur de l’époque.

L’empereur Alexis était assis sur un trône de bronze, enrichi de pierres précieuses, et flanqué des deux côtés, probablement en imitation de la magnificence de Salomon, d’un lion couché, de ce même métal précieux. Pour ne pas décrire toutes les richesses de ce lieu, nous nous bornerons à mentionner un arbre, dont le tronc d’or s’élevait derrière le trône, qu’il ombrageait de ses branches. Parmi le feuillage étaient des oiseaux de diverses espèces, soigneusement travaillés et émaillés, et des fruits composés de pierres précieuses brillaient entre les feuilles. Cinq officiers seuls, occupant les