Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/406

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lance… hé, hé, hé !… » dit Dwining avec son ricanement ordinaire ; et en même temps il dévissait le haut de la plume ; il en tira un petit morceau d’éponge, ou de quelque substance, qui n’était pas plus gros qu’un pois. « Maintenant regardez, » dit le prisonnier, et il le pressa entre ses lèvres. L’effet fut instantané, il tomba, et ce n’était plus qu’un cadavre ; mais son rire sardonique contractait encore les traits de son visage.

Catherine poussa un cri, et s’enfuit pour se dérober à un si horrible spectacle. Lord Balveny resta un moment immobile de stupeur ; il s’écria enfin : « Ce peut bien n’être qu’un sortilège, pendez-le, mort ou vif. Si son âme perverse n’a pris la fuite que pour un moment, elle rentrera dans un corps dont le cou sera disloqué. »

Cet ordre fut exécuté. On procéda ensuite au supplice de Ramorny et de Bonthron. Le dernier fut pendu avant d’avoir recouvré assez de connaissance pour savoir ce qu’on voulait faire de lui. Ramorny, pâle comme la mort, mais conservant toujours cet orgueil qui avait occasionné sa ruine, se prévalut de son titre de chevalier, et réclama le privilège de mourir par l’épée et non par la corde.

« Douglas ne revient jamais sur la sentence qu’il a prononcée, dit Balveny ; cependant tes privilèges seront respectés… Faites venir ici le cuisinier avec un couperet. » Le cuisinier parut bientôt. « Pourquoi tembles-tu, drôle ? dit Balveny. Brise avec ton couperet les éperons dorés qui sont aux talons de cet homme. Et maintenant, John Ramorny, tu n’es plus un chevalier, mais un coquin. Faites votre besogne, maréchal prévôt, et pendez-le avec ses compagnons, et plus haut qu’eux, s’il est possible. »

Un quart d’heure après, Balveny descendit pour annoncer à Douglas que les criminels étaient exécutés.

« Alors il n’y a plus besoin de jugement, dit le comte. Qu’en dites-vous, respectables jurés ? ces hommes étaient-ils coupables de haute trahison… oui ou non ? — Ils étaient coupables, » s’écrièrent les dociles jurés, avec une unanimité édifiante, » nous n’avons pas besoin d’autres preuves. — Qu’on sonne donc la trompette, et montons à cheval, mais avec notre propre suite seulement. Que tout le monde garde le silence sur ce qui s’est passé ici jusqu’à ce que le roi en soit informé, ce qui ne pourra se faire convenablement avant le combat du dimanche des Rameaux. Choisis-