Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/391

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qui paraissait lui plaire, et elle consacrait le souvenir de sa reconnaissance dans la petite ballade de Vaillant et fidèle, qui fut longtemps populaire parmi les Écossais :

Oui, le brave Écossais, vrai sous son bonnet bleu,
Jamais de l’ennemi n’a redouté le feu ;
Son cœur d’un cœur guerrier fut toujours le modèle,
Son bras à son épée est constamment fidèle.
Courez de la Bretagne au pays de l’Hébreu,
Mais vive encor pour moi, vive le bonnet bleu !
De l’Allemand j’ai vu s’exercer la vaillance.
J’ai vu se déployer des chevaliers de France
La valeur sans rivale et riche en beaux exploits,
L’Anglais brandir l’épée et vider son carquois ;
Que le Français, l’Anglais l’emportent à vos yeux :
Vivent toujours pour moi, vivent les bonnets bleus !

En un mot, quoique la profession peu honorable de Louise eût été, en toute autre circonstance, un motif qui eût empêché Catherine d’en faire volontairement sa compagne, cependant forcée de vivre avec la jeune musicienne, la Jolie Fille de Perth trouvait en elle une compagne modeste et prévenante.

Elles vécurent de la sorte quatre à cinq jours, et afin d’éviter autant que possible les regards, et peut-être les propos grossiers des domestiques à l’office, elles préparaient leurs repas dans leur propre appartement. Cependant il y avait des relations absolument nécessaires avec les domestiques ; et Louise plus accoutumée aux expédients, plus hardie par nécessité, et désirant surtout plaire à Catherine, Louise se chargeait de demander à l’intendant les vivres indispensables, et de les apprêter avec l’adresse naturelle à ses compatriotes.

La chanteuse était sortie dans ce dessein le sixième jour, un peu avant midi ; le désir de respirer un air frais, l’espoir de trouver quelques herbes potagères, ou au moins une ou deux fleurs printanières pour en décorer leur table, la conduisit dans le petit jardin dépendant du château. Elle rentra dans l’appartement qu’elle occupait avec sa compagne, le visage pâle comme la mort, et agitée comme la feuille du tremble. Sa terreur se communiqua aussitôt à Catherine, qui pouvait à peine trouver des paroles pour lui demander quels malheurs étaient arrivés.

Le duc de Rothsay est-il mort ?

— Pire que cela ! on le fait mourir de faim. — Vous êtes folle, Louise. — Non, non, non, non, » répondit-elle sans prendre haleine, et entassant les mots les uns sur les autres avec tant de