Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/382

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tence… Signé : Waltheof, par ordre de la haute et puissante princesse, etc. »

Ramorny s’écria en finissant : « Excellent ! excellent ! Cette rebuffade inattendue rendra Charteris fou. Il a fait depuis longtemps une sorte d’hommage à lady Marjory, et se voir ainsi soupçonné d’incontinence, quand il espérait avoir tout l’honneur d’une action charitable, le confondra complètement. Comme tu le dis, il se passera du temps avant qu’il ne vienne ici chercher la jeune fille, ou présenter ses hommages à la dame. Songe maintenant à la mascarade, tandis que je vais m’occuper des moyens de terminer le spectacle pour toujours. »

Il était une heure avant midi quand Catherine, escortée par le vieux Henshaw et un valet du chevalier de Kinfauns, arriva devant la tour seigneuriale du château de Falkland. La vaste bannière qui y flottait portait les armes de Rothsay ; les domestiques qui parurent avaient la livrée du prince, et tout appuyait ainsi l’idée que la duchesse y résidait encore. Le cœur de Catherine tressaillit, car elle avait entendu dire que la duchesse avait l’orgueil aussi bien que le haut courage de la maison de Douglas, et elle conçut quelque crainte sur l’accueil qu’elle allait recevoir. En entrant dans le château, elle remarqua que le nombre des domestiques était moins grand qu’elle ne s’y attendait ; mais comme la duchesse vivait dans une profonde retraite elle ne s’en étonna point. Dans une espèce d’antichambre elle rencontra une vieille femme, petite, qui semblait courbée par l’âge, et qui s’appuyait sur un bâton d’ébène.

« Vous êtes la bien venue, jolie fille, dit-elle à Catherine, dans une maison d’affliction, je puis le dire ; et j’espère (continua-t-elle en la saluant de nouveau) que vous serez une consolation pour ma précieuse et royale fille la duchesse. Asseyez-vous, mon enfant, pendant que j’irai voir si milady peut vous recevoir. Ah ! mon enfant, vous êtes bien aimable, si Notre-Dame vous a donné une âme aussi belle que votre corps. »

En parlant ainsi, la prétendue vieille femme se traîna dans l’appartement voisin, où elle trouva Rothsay dans son déguisement, et Ramorny, qui avait évité de prendre part à la mascarade, dans son costume ordinaire.

« Tu es un précieux drôle, sire docteur, dit le prince ; sur mon honneur, je crois que tu trouverais moyen de remplir tous les rôles à toi seul, même celui d’amoureux. — Si c’était pour en